Vous l’aurez compris, lorsque les environs s’y prêtent, lorsque les bâtiments sont récent il est relativement plus facile de faire de la photo minimaliste. Pour ce faire nous nous sommes rendus en Chine dans la province du Henan. Et pendant quelques jours nous avons eu la chance de pouvoir arpenter un lieu insolite et très esthétique.

Les secrets de la photo minimaliste

Pour donner un look épurée à ses images l’idéal est de travailler avec une focale relativement serré, avec un 50 mm par exemple. Plus la focale est longue et plus il devient facile de cadrer et d’isoler les sujet. Certains n’hésitent pas à cadrer au 200 mm pour sortir des images encore plus nettes et les plus épurées possibles. Plus on zoome et plus on rentre dans le minimalisme sans effort. c’est la clef.

Le minimalisme c’est la modernité et la modernité c’est la Chine

L’autre grand secret de la photo minimaliste, c’est de trouver des lieux nouveaux et encore relativement méconnu du grand public et ce pour pouvoir présenter des images inédites.

La photo ci-dessus fonctionne car elle est composée de courbes et de lignes qui forment un ensemble géométrique cohérant. Par contre on cherche à destabiliser un peu le spectateur en ne lui donnant aucun élément de contexte. Moins il y a d’information et plus on va devoir passer du temps à décripter ou à chercher les indices.

Zoom sur un lieu unique et exceptionnel dans la province du Henan en Chine

Ce n’est pas parce que la photo minimaliste représente un seul sujet parfois cadré très serré, qu’il faut en oublier, le sens. Par exemple ci-dessous le rouge est l’élément principal de l’image pour la simple et bonne raison que cette couleur est très importante en Chine. Les photos ayant été réalisées dans ce pays, il était important de mettre en valeur ce point de la culture chinoise.

Cet ovni architectural, dont vous avez pu voir quelques bribes via les quelques photos minimalistes de l’article, se trouve à Zenghzhou dans le centre-Est de la Chine. Unique Henan est une sorte de parc d’attraction culturel ou plutôt un grand centre du théâtre contemporain. Un lieu grandiose, immersif où l’on vient en famille ou entre amis pour découvrir des spectacles à couper le souffle.

Unique Henan, un grand centre culturel dédié à l’art dramatique

Et ici des pièces de théâtres il y en a vraiment beaucoup. En tout on compte près de vingt-une pièces qui sont toutes jouées plusieurs fois par jour. Pour pouvoir toute les voir il faudrait passer 11 heures et quarante minutes soit trois jours à raison d’un peu moins de quatre heures de spectacle par jour.

Unique Henan, une architecture hors norme

Côté architecture « Unique Henan », est un complexe théâtral plutôt bien réussi. On admire les volumes et on déambule dans une série de cours intérieurs. Chaque cour propose une ambiance, avec ses codes et son esthétisme.

Pourquoi les gens aiment-ils les photos minimalistes?

Le grand public aime bien regarder des images minimalistes car cela allège l’esprit. Parfois on se laisse aller un peu à l’ennui ou à la rêverie, qui découle souvent d’un temps faible. Le spectateur tire donc une expérience positive de ce type d’expérience. D’autre part il y a toujours un sens pour lire l’image, il y a une idée ou un concept à trouver. Sans construction de l’image, la photographie n’existe pas. 

Le minimalisme c’est d’abord la nécessité de réduire le nombre d’éléments sur une photo. L’idée est de capter le moins de choses possibles et ce afin de mettre en valeur des formes ou un objet ou une répétition d’objets semblables. Le minimalisme c’est la simplicité et c’est aussi une forme de modernisme.

Introspection de la photographie contemporaine 

Une capture de l’instant qui n’est ni pensée, ni cadrée ne rentre pas dans le cadre de la photographie dans sa conception stricto-sensus. Certes de nombreux photographes bâtissent leurs œuvres sur du vide avec des appareils photos de luxe ou un travail de retouche exagéré. Le vide laisse donc la place à l’imaginaire et les plus naïfs attribueront la créativité de leur cerveau à l’instigateur du piège photographique. Mais ce procédé commence à atteindre ses limites. Nombreux sont les amateurs de photographie à se plaindre des street-artistes ou des artistes créatifs qui se limitent à cadrer des objets du quotidien sans véritable message fort.

Les limites du minimalisme

Et ils sont encore plus nombreux en post-production à corriger les perspectives et les lignes de fuite comme s’ils travaillaient à la chambre. Puis, indubitablement tout se termine avec la colorimétrie brune, marron ou ocre rajoutée à la va-vite et qui a déjà commencé à passer de mode. Un peux comme le HdR saturé des années 2000. Dans tous les cas, il s’agit toujours d’un procédé à la mode que tout le monde trouve génial et fantastique avant de s’en détourner. Il s’était passé exactement la même chose dans la peinture avec le style pompier au tout début du XX ème siècle. Et à l’époque c’était les impressionnistes qui en avaient payé la note. Ils vivaient dans la pauvreté pendant que les imposteurs vendaient leurs tableaux à des décérébrés. L’histoire n’est qu’un éternel recommencement. Le minimalisme est un mouvement intéressant en photographie, mais il faut avoir suffisamment de connaissances et de courage pour faire la part des choses.

crédits photos: Yann Vernerie