Concernant cette personnalité, la citation la plus appropriée serait peut-être la suivante: « Jean-Baptiste Poquelin est né à Paris, mais Molière est né à Pézenas ». En effet entre l’âge de 23 ans et 35 ans celui que l’on appelait Jean-Baptiste Poquelin vécut en Occitanie (pays d’Oc). Et c’est durant ce séjour qu’il se forgea une véritable personnalité et une solide expérience de la vie. Un exil provincial qui lui permit de revenir et de conquérir sa ville natale.
L’histoire mélée de Molière et de Paris
La première chose qui rattache Molière à Paris c’est d’abord sa naissance. Jean-Baptiste Poquelin dit Molière est en effet né le 15 janvier 1622 à Paris. Quatre siècles se sont écoulés depuis sa naissance et il reste malgré tout le personnage qui symbolise le mieux le théâtre français.
Sa notoriété est bien évidemment due à son talent d’acteur mais aussi à l’excellence des ses textes. Les fourberies de Scapin, le bourgeois gentilhomme, le malade imaginaires sont autant de pièces de théâtre qui ont été écrites par Molière et qui font encore aujourd’hui partie du programme scolaire. Des générations de collégiens et de lycées ont lu et ont assisté à des représentations des pièces de Molière.
Car lorsque il est question d’apprentissage du théâtre, il est forcément question des pièces de Molière. Un génie de l’écriture qui a su avec malice et brio dépeindre des traits de caractères qui restent encore d’actualité aujourd’hui. Une œuvre intemporelle riche et variée, un acteur et un metteur en scène hors pair ont fini par faire entrer ce personnage dans l’histoire.
Le nom de scène de Molière
Il est fort probable que Jean-Baptiste Poquelin ait choisi son nom de scène en hommage d’un romancier et poète un certain François-Hugues de Molière d’Essertines. On retrouve quelques un de ses principaux écrits dans « délices de la poésie française » un recueil édité par Jean Baudoin. Il commença par éditer la semaine amoureuse, réjouissance et souhaits des filles. Mais c’est avec Polyxène un roman inachevé et réédité de nombreuses fois, qu’il rentra définitivement dans la littérature française.
On sait de notoriété publique que cet écrivain était libertin. Né vers 1600 à Oyé (actuelle Saône et Loire) en Bourgogne, il fût assassiné à Paris en mars 1624. Lorsque Jean-Baptiste Poquelin endosse son nom de scène il a pratiquement le même âge que François Molière. La symbolique est forte.
Né à Paris en 1622 et mort à Paris en 1673
« Le but de la vie c’est la mort » se plaisent à rappeler les philosophes. La sortie de Molière est quant à elle théâtrale. La croyance populaire voulant que Molière soit mort sur scène. Et lorsque l’on interroge des artistes ou des acteurs ils disent la même chose, je voudrais mourir sur scène comme Molière.
Hors Molière n’est pas mort au théâtre, il est mort chez lui dans la soirée du 17 février 1673 après une représentation au théâtre du Palais Royal.
Non, Molière n’est pas mort sur scène
La pièce qu’il venait de jouer était le malade imaginaire et il en était à la quatrième représentation. Après la pièce, il se sent mal et on le ramène chez lui au numéro 40 de la rue de Richelieu dans le premier arrondissement de Paris. On sait aujourd’hui que Jean-Baptiste Poquelin alias Molière est décédé des suites d’un anévrisme pulmonaire. Il faut dire qu’il avait malheureusement contracté la tuberculose quelques années auparavant et qu’il souffrait éperdument de ses quintes de toux.
Le jour de sa mort, Molière ne se sent vraiment pas bien. Sa femme, Armande Béjart, insistera longuement pour qu’il annule sa représentation du 17 février. Mais son mari refuse d’annuler quoi que ce soit et il se rend au théâtre tant bien que mal. Il sait pertinemment que les comédiens avec qui il joue ont donné beaucoup de leur temps avec les répétitions. Molière ne peut se résoudre à annuler sa représentation car il pense avant tout à eux. Après des semaines de préparations et de répétitions, les comédiens comptent beaucoup sur les représentations pour gagner leur vie et rembourser leurs dettes.
Molière récitera son texte jusqu’au dernier mot. Mais après la pièce il ne sent sent vraiment pas bien et il sera conduit chez lui en chaise à porteur. Il tousse sans arrêt, commence à cracher du sang et c’est vers 22 heures qu’il finira par décéder. Armande Béjart avait malheureusement vu juste.
Armande Béjart une comédienne du siècle des Lumières
On a que très peu d’indication concernant l’état civil de cette comédienne qui a partagé la vie de Molière. En d’autres termes on ignore son lieu ainsi que sa date de naissance. On sait en revanche qu’elle fût mariée pendant près de onze années à Molière avec qui elle a eu quatre enfants. Lors de son second mariage avec un certain Guérin d’Estriché, elle aura un cinquième et dernier enfant. Elle décéda le 30 novembre 1700, rue de Touraine à Paris.
Cette femme était sociétaire de la Comédie Française entre 1680 et 1694. Elle fût une actrice reconnue et inspirante du XVII ème siècle, son talent était d’ailleurs salué par la critique. Son mari lui a écrit de nombreux rôles. Comme par exemple celui de Célimène dans le Misanthrope. Molière était donc bien accompagné lors de l’écriture de ses pièces. A noter qu’un livre fût même écrit sur elle. Il s’agit du roman « la Fameuse Comédienne ». Une biographie romancée et diffamatoire sur la personnalité hors du commun d’Armande Béjart.
La polémique autour de la mort Molière
Après son décès se posa donc la question de l’inhumation de Molière. L’archevêque de Paris refusa catégoriquement d’inhumer religieusement le comédien parisien. Au XVII ème siècle c’est ainsi que va la vie. Les comédiens sont excommuniés d’office et ils n’ont pas le droit à une sépulture ni à une cérémonie. A l’époque si un comédien souhaitait pouvoir bénéficier d’une cérémonie religieuse pour le jour de son enterrement il devait d’abord renoncer publiquement à sa profession.
Mais le roi Soleil qui appréciait personnellement Molière usa de son influence auprès de l’Eglise. Avec un tour de passe passe, Louis XIV réussit à faire inhumer le corps de Jean-Baptiste Poquelin sous la profession tapissier du Roi avec l’accord tacite de l’Archevêque de Paris. Ce fût donc le curé de l’église Saint-Eustache qui officia finalement. Par contre il ne fût pas possible de lui organiser une messe et l’inhumation du corps eût lieu de nuit. Voilà comment fut enterré Molière. Un 21 février 1673, dans le cimetière de la Chapelle Saint-Eustache (cimetière des innocents). C’est ainsi que Molière se retrouva dans une tombe individuelle. Sa dépouille échappa donc de peu à la fosse commune.
Le mystère autour de la tombe de Molière
Mais quelques années plus tard, la tombe de Molière fût pillée et même déplacée. C’est donc ainsi que l’on perdit pour toujours la trace du plus célèbre acteur et comédien de tous les temps.
Plus tard, le 6 juillet 1792, des Révolutionnaires souhaitaient rendre hommage à un grand Homme de la Patrie. Ils feront donc exhumer les restes présumés du comédien. En 1817, les restes de Molière seront définitivement déplacées au cimetière du Père Lachaise où il repose toujours.
Un imbroglio inextricable
Néanmoins les personnes qui veulent se recueillir sur la tombe de Molière se rendent, dans le doute également sur la tombe de Jean de la Fontaine. Car une chose est sûre, les deux dépouillent ont été pillées et déplacées en même temps. En effet, Molière aurait été enterré avec Jean de la Fontaine qui était quant à lui décédé 22 ans plus tôt (source : Abbé d’Olivet, Histoire de l’Académie française). Il y aurait donc de fortes chances pour que les deux dépouilles soit enterrées côte à côte et même qu’elles aient été interverties. A moins que les os de ce comédien intemporel aient été rejoindre les catacombes dans le quatorzième arrondissement de Paris.
Les salles de Théâtre où Molière a joué
Paris et Molière, 1643 à 1646
Lorsque Molière débute dans le théâtre, Paris ne comporte que très peu de salles. Généralement les comédiens se produisaient aux Jeux de Paume. C’est d’ailleurs là que Molière fit ses débuts. Jean-Baptiste Poquelin à vingt ans et en 1643 et il commence à jouer à la salle du jeu de Paume des Métayers. Une salle qui se trouvait à l’angle de la rue Mazarine et de la rue de Seine à deux pas de la tour de Nesle. C’est ici que notre illustre comédien monta sur scène. 1643, c’est aussi l’année où il fonde sa troupe l’illustre Théâtre (30 juin 1643).
Très vite, c’est à dire l’année d’après, en décembre 1644, la troupe de Molière rejoint le jeu de Paume de la Croix Noire. Une salle située dans le Marais à deux pas de l’hôtel de Sens et de la tour Barbeau (enceinte de fortification de Philippe Auguste). Difficile de dire pourquoi la troupe a changé de salle, néanmoins les historiens estiment que dès ses débuts Molière et sa troupe étaient confrontés à des difficultés financières. D’ailleurs à cause de ses dettes Molière fût emprisonné un temps à la prison du Châtelet.
Après sa sortie de prison, la troupe de l’illustre théâtre se rend au jeu de Paume de la Croix Blanche. Cette salle se situe sur la rive gauche de la Seine dans le quartier de Saint-Germain. Mais devant les difficultés financières, Jean-Baptiste Poquelin quitte Paris avec sa troupe pour aller jouer en Province.
Molière et son retour à Paris
Après une représentation pour Philippe d’Orléans, le frère du Roi Soleil, Molière et sa troupe purent bénéficier à partir de 1658 de la salle du Petit Bourbon.
Mais il y a eu également la Salle du Palais Royal et l’hôtel Guénégaud.
La naissance de la Comédie Française, l’empreinte de Molière à Paris
Après la mort du comédien, le Roi de France ordonne la fusion de la troupe de l’illustre théâtre avec celle du théâtre de Bourgogne. C’est ainsi que firent fusionnées deux troupes concurrentes et rivales donnant ainsi naissance à la Comédie Française.