Esprits de Java

Comme Zanzibar, Samarkand ou Cuzco, l’île de Java évoque une destination rêvée. Entre végétation luxuriante et surprenante, sites culturels ancestraux et découverte d’une population bienveillante, tout est réuni pour séduire les visiteurs de l’île.

A Java, île la plus peuplée au monde avec 140 millions d’habitants, ici l’Orient se fait ressentir dès son arrivée. Un Orient qui partirait d’Arabie pour rejoindre – ou plutôt se mêler – aux rituels bouddhistes et hindouistes sur fond d’animisme.

Yogajakarta, si spirituelle

Le travail artisanal sur l'île de Java, photo Sokha Keo
Le travail artisanal sur l’île de Java, photo Sokha Keo

Au centre de l’île, Yogajakarta s’impose comme la capitale spirituelle de Java où cohabitent les pratiquants de diverses croyances, animistes, bouddhistes, hindouistes, musulmans, catholiques. Dans la campagne environnante, le volume sonore propre à la ville laisse place au chant des oiseaux. Tôt le matin, la brume enveloppe la jungle, la végétation luxuriante qui s’épanouit sous la moiteur et la chaleur ambiante, à la fois suffocante et rassurante. Le long des routes s’étendent des rizières en terrasse, à 500 m d’altitude maximum, comme à Lossari.

Une île où la population est chaleureuse
Une île où la population est chaleureuse

Le riz hybride se récolte ici au bout de 90 jours, à la main, 3 fois par an avant d’être stocké dans un lumbong, un grenier à riz sur pilotis. Les rizières occupent encore beaucoup de terres cultivables, une culture nécessaire pour nourrir les 240 millions d’indonésiens dont 140 millions sur l’île de Java. A noter que l’Indonésie est à ce titre l’un des pays les plus peuplés de la planète. Ce pays occupe la quatrième place du classement.

Partout, des trésors culturels

Java entre cultures et spiritualités, photo Sokha Keo
Java entre cultures et spiritualités, photo Sokha Keo

Depuis Losari, au nord-ouest de Yogyakarta se dessine le plateau de Dieng à 2008 mètres d’altitude. Au nord du village de Wonosobo, une caldeira émerge de la brume du petit matin huit temples hindouistes, les plus anciens d’Indonésie. Construits aux alentours du 8e et 9e siècle, ces petits édifices ont été découverts récemment, en 1814, par un soldat britannique. Ils étaient alors immergés dans le lac.

Candi Arjuna occupe le centre. Les trois autres temples se découvrent un peu plus haut, tandis qu’un surprenant musée abrite des statues originales des temples. Tout près, le cratère de Sikidang laisse échapper de fortes odeurs de souffre qui imprègnent les vêtements. Le long du chemin, des étals rudimentaires proposent des chips de toutes les couleurs, des pierres ponces et du sable aux vertus exfoliantes. Selon la légende, la reine Shinta Dewi aurait refusé la proposition de mariage du roi Kidang Garungan, au corps de cerf. Elle lui aurait ensuite demandé de construire un puits profond sous lequel il fut enterré par ses propres soldats avant la fin de sa construction. Furieux, le roi réussit, par magie, à « exploser » de colère. Le cratère est ainsi né.

 

Borobudur, un ensemble exceptionnel

Mysticisme sur l'île de Java
Le temple de Borobudur en plein coeur de l’île indonésienne de Java

A deux heures de route se dresse le site le plus visité d’Indonésie, Borobudur. Cet ensemble exceptionnel bâti au IXe siècle après J.C. se visite idéalement au lever du soleil. Se dégage de ce moment privilégié une énergie incroyable, une sérénité parfois rompue par les déclics en rafale d’appareils photos des nombreux touristes. Le jour se lève enfin et laisse découvrir un complexe de temples sous forme de stupa, soit la représentation du cosmos en trois parties superposées sur 9 niveaux. Il a fallu attendre sa restauration – de 1907 à 1911 par le gouvernement néerlandais – puis les travaux colossaux menés par l’Unesco à partir de 1973, pour mesurer toute la richesse du site abandonné pendant des siècles, recouvert de cendres volcaniques du volcan Gunung Merapi. Autour, on admire la végétation, les volcans, les terrasses processionnelles, les galeries carrées, les bas-reliefs relatant la vie de Siddharta, les scènes de la vie quotidienne à Java, les niches aux 432 bouddhas en pierre et les 72 dagoba (stupas) ajourés.

Arty Jogyakarta

Dans les rues, quelque part sur l'île de Java
Dans les rues, quelque part sur l’île de Java. photo : Sokha Keo

Jogyakarta, au centre de l’île, est considérée comme la capitale culturelle. Ici, les rumah bangsal kencono (maisons traditionnelles) deviennent rares, laissant place à des constructions hybrides faites de béton, de bois et de métal, sans harmonie.

La fabrication de marionnette sur l'île de Java photo Sokha Keo
La fabrication de marionnette sur l’île de Java photo Sokha Keo

La chaleur rend moite en moins d’une minute, les deux-roues avancent en nombre, les marchés aux odeurs tenaces et aux variétés de fruits et légumes improbables surprennent, les milliers d’épices, dont une incroyable noix de muscade ou une noix de coco râpée frit à saupoudrer sur le riz…tous ces ingrédients rappellent une ville asiatique. Le kraton, palais du sultan-gouverneur de la province, Hamengku Buwono X, paraît inhabité. Au cœur du palais, les diverses influences culturelles apparaissent sur un détail de porte, de rambarde, de toit. Yogyakarta, outre son intérêt touristique pour le palais, abrite de traditionnels ateliers de fabrication des marionnettes et de tissu traditionnel le batik.

Le site de Prambanan, zen attitude

A une quinzaine de kilomètres, les temples de Prambanan sont réunis sur un site inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.

Les mystères de Java
Les mystères de Java

Il semble jaillir de terre avec ses trois principaux édifices consacrés à Vishnu, Brahma et Shiva. Sculptures et bas-relielfs narrant l’épopée du Ramayana se découvrent autour de chaque temple. L’ensemble des temples, incarnation de la culture hindoue à Java, stupéfait. En fin de journée, vers 17h, plus rien ne vient troubler la quiétude ambiante, Prambanan ferme ses portes. Pour prolonger ces instants précieux où le temps semble suspendu, une visite de la réserve naturelle de Bromo Tengger s’impose.

Bromo, majestueuse nature

Java terre de volcan, photo Sokha Keo
Java terre de volcans, photo Sokha Keo

A 10 heures de voiture, ou 6 heures de train suivi de 2-3h de route, le volcan de Bromo, véritable lieu de culte, est vénéré chaque année par des milliers de pèlerins. Le plus souvent accompagnés de prêtes, le jour de la pleine lune du mois du kesodo, ils jettent des offrandes dans le cratère pour remercier les dieux de fertiliser les terres de la région. Assister au lever du soleil sur le site naturel est époustouflant. La foule qui assiste à l’événement depuis un point d’observation installé à 2492 mètres d’altitude s’émerveille devant cette vue spectaculaire sur la Caldera du Tengger, les sommets de volcans et les plaines au-dessus desquels flottent une légère brume qui se dissipe rapidement. Il est temps de regagner sa jeep pour accéder au volcan. Après une marche d’une bonne demi-heure, enfin, les 250 marches de l’escalier menant au rebord du cratère apparaît. Un paysage lunaire composé d’une vaste plaine, de montagnes et de volcans plus ou moins haut s’étend à nos pieds.

L'esthétique des plats en Indonésie
L’esthétique des plats en Indonésie

Sokha Keo

La république d’Indonésie est l’un des plus grands archipels d’îles au monde avec 13466 îles. La population est estimée à 240 millions d’habitants dont 140 sur la seule île de Java.

Selon les chroniques chinoises, le commerce entre l’Inde, la Chine et ces îles était développée dès le premier siècle de notre ère. Les commerçants ont apporté les différentes religions : bouddhisme, hindouisme, islam, de grandes influences pour la culture de l’Indonésie. Seuls les européens ont colonisé ces îles : Marco Polo d’abord, suivi des portugais et espagnols, puis en 1596 des Hollandais. Indépendance le 17 août 1945 par les dirigeants Soekarno et Hatta mais reconnaissance officielle des hollandais en 1950.

crédits photos : Sokha Keo