Dès que les beaux jours reviennent les photos des quais de la capitale reviennent sur le devant de la scène. Et immanquablement lorsque l’on parle des quais de Seine on parle forcément à un moment où à un autre des petits chanceux qui ont la chance de vivre sur des péniches sur la Seine à Paris. Vue imprenable sur la Seine, panorama d’exception sur des monuments parisiens emblématiques sont au menu pour tous ceux qui ont la chance de vivre sur l’eau. Et pourtant, la réalité est assez éloignée de ce cliché idyllique. Dans cet article nous allons vous dire pourquoi vivre sur une péniche est clairement une erreur sur le long terme.
Quand vivre sur une péniche vire au cauchemard
La vie sur un bateau n’est pas un long fleuve tranquille. Car sur un bateau, fusse-t-il amarré à Paris les infiltrations, l’humidité, la maintenance, les crues et les rats sont au programme. Vivre sur un bateau demande une bonne compréhension de ce qui peut se passer sur un objet flottant qui ne demande qu’à rejoindre le fond comme des milliers de navires l’on fait avant lui.
La question de la rouille
Une péniche est en fait une barge en acier recouverte d’une épaisse couche de peinture que les marins appellent généralement « Gelcoat ». Le « gelcoat » c’est un liquide qui oscille entre la peinture et la résine époxy. Et c’est cette couche de peinture qui assure l’intégrité de la coque et qui prévient de la corrosion (et donc de la rouille). Autant vous dire que si de la peinture écaillée sur un volet ne vous a jamais fait réagir, la moindre petite égratignure sur la coque de votre péniche fera de vous une pile électrique.
En effet la coque d’un péniche est en acier. Un matériau très solide et très résistant mais qui est très sensible à la rouille. Les péniches sont soumises à des contrôles de coque généralement tous les dix ans. Les réparations peuvent coûter de quelques milliers d’euros jusqu’à quelques dizaines de milliers d’euros.
Les quais, les rats et les péniches
L’autre point noir, hormis la durabilité de la coque dans le temps, c’est la gestion des nuisibles. Les quais de Seine font malheureusement partie des lieux privilégiés des rats. En effet avec les parcs et les égouts, les quais parisiens sont un lieu privilégié pour les rats. La présence de l’eau garantie en quelques sorte une quasi sécurité alimentaire pour ces animaux.
Les marins le savent, l’arrivée au port est toujours un moment délicat. En effet lorsque l’on s’amarre et que l’on ouvre tous les hublots pour ventiler et faire sécher l’intérieur des navires, il existe toujours un risque pour qu’un intrus s’invite à bord.
Si le risque est limité pendant la journée, la nuit et la baisse de fréquentation des quais favorisent les expéditions des nuisibles. Pour monter à bord d’un navire rien de vaut les câbles d’amarrage. Les rats vont donc utiliser les amarres pour monter à bord de la péniche. Des équilibristes qui n’ont évidemment pas peur de tomber à l’eau étant donné que ces rongeurs savent nager.
Une fois à bord il est quasiment impossible de déloger un rat. Il faut vider les compartiments de l’embarcation un à un en veillant de ne laisser aucun échappatoire. Si le rat a eut le temps de creuser un trou dans les parois en contreplaqué pour accéder aux fonds de la péniche, il devient alors impossible de le retrouver. Il faudra se limiter à bien isoler les vivres et devant l’absence de nourriture il est possible que le rat quitte le navire.
nota bene: les rats sont des animaux très intelligents. Des naturalistes n’hésitent pas à dire que si les rats avaient eu la taille d’un chien ils auraient été les maîtres du monde et l’homme n’aurait pas pu se développer.
Le permis de stationner à Paris, un sésame inaccessible
Une place de port ou le long des quais de Seine est soumise à une autorisation temporaire. Pour obtenir une place à Paris, il faut compter entre quinze et vingt ans. Pour ceux qui visent la banlieue parisienne, le délai d’attente est un peu plus court. Puisqu’il faut entre dix et quinze ans pour obtenir une place.
Le seul véritable port de la capitale se trouve entre les 4 ème et 12 ème arrondissement. Le bassin de l’arsenal a été amménagé vers le XIV ème siècle et constamment ammélioré au fil des siècles pour devenir avec la dernière modification de 1983 le port de plaisance que nous connaissons aujourd’hui.
Les crues de la Seine, un moment inoubliable
Chaque année, on estime que la Seine peut connaître des périodes de crues. Les épisodes de crues interviennent généralement vers le début du mois de novembre et peuvent s’étendre jusqu’à la fin du printemps. Hors évènement exceptionnel, comme par exemple l’année où une digue située en aval de Paris avait cédé.
Mais dans tous les cas les périodes de crues sont des moments assez stressant pour ceux qui vivent sur les péniches en bord de Seine. Pourquoi? et bien parce qu’il faut installer des bastaings le long de la coque. Et ce afin d’éviter que la coque passe sur le quai et qu’elle ne s’éventre lors de la décrue. L’accès à bord peut parfois se révéler être un véritable parcours du combattant. Surtout lorsque l’on rentre de nuit sous la pluie et que l’on risque à tout moment de tomber dans une eau glaciale ou d’être emporté par le fort courant. Vivre sur une péniche c’est aussi très nécessairement accepter la notion d’un risque très modéré mais néanmoins présent.
Les quais de Seine, une fréquentation record
S’il y a bien un endroit que les parisiens et autres fêtards du weekend aiment bien fréquenter, c’est bien les quais de Seine. Il faut reconnaître que Paris est une ville assez mal lotie en termes de places publiques ou d’espaces verts. Le résultat c’est donc une fréquentation record des quais de Seine que ce soit pour les balades les mercredis, samedis ou dimanches après-midi. Sans oublier les soirées bien arrosées lorsque les beaux jours sont de retour.
Vivre dans la carte postale ne signifie pas forcémment avoir la vie de la carte postale.