Lorsque l’on voyage on peut être amener à fréquenter des endroits insolites ou assez particuliers. Des hôtels où l’on peut cuisiner et même trouver de la nourriture gratuitement. Il existait un lieu comme cela en Islande juste à côté de la capitale Reykjavik. Mais on peut trouver des lieux encore plus atypiques où le patron de la « guest house » pose pour l’apéritif deux grandes bouteilles d’alcool fort de trois litres chacune. C’était au Japon à Kyoto et je me rappelle de cette auberge espagnole comme si c’était hier. Il y avait deux coréennes, quelques locaux et quelques américains. Le tout dans la pièce principale de cette « auberge de jeunesse » à vingt dollars la nuit.
La signification de l’expression : auberge espagnole
La signification de l’expression de nos jours
Une auberge espagnole est donc un lieu unique où l’on trouve tout un tas de gens d’origines différentes. Par origine, on entend les origines géographiques certes, mais aussi les origines sociales ou encore professionnelles. L’âge des gens est aussi très varié, il peut y avoir quelques étudiants et des retraités qui se mélangent à des trentenaires, mais aussi des « quadras » et autres quinquagénaires.
En d’autres termes, ce qui caractérise l’auberge espagnole c’est un ensemble de personnes hétérogènes qui se retrouvent un peu par hasard dans un lieu qui devient par ce que les gens y apporte un endroit accueillant et chaleureux.
La signification de cette expression lors de son apparition
Mais l’auberge espagnole n’a pas toujours eu bonne presse. Le regroupement fortuit d’un grand nombre de personnes qui ne se connaissent pas pouvait laisser sous entendre des mésaventures surtout au XVIII ème siècle, date à laquelle l’expression a commencé à apparaître. Car avec l’alcool aidant des vols ou des bagarres pouvaient survenir et entacher la soirée et les jours suivants.
D’où provient cette expression ?
L’origine de l’expression auberge espagnole
On retrouve donc cette expression à partir du XVIII ème siècle. Mais c’est à un écrivain français, Chateaubriand, que l’on doit l’apparition de cette expression dans la littérature française. Il décrit quant à lui un côté jovial et folklorique et il est plutôt positif.
Plus tard, un grand poète français aura des propos nuancés sur la connotation de l’expression « auberge espagnole ». Il faut dire que ce poète est sur la définition de l’époque. En effet, c’est en 1843 que Théophile Gauthier publie un livre dont le titre est « Voyage en Espagne ». Dans un des passages du livre, il fait référence à l’Espagne de Cervantes qui est décrite dans « Lazarillo de Tormes » ou « Don Quichotte ». Avec la description de Théophile Gautier, on comprend alors que ces lieux peuvent être parfois d’infâmes auberges, où l’on trouve un peu tout et rien. Le service y était donc quasiment inexistant et on y trouvait généralement que ce que l’on y avait amené.
Plus récemment au début des années 2000, c’est l’un des meilleurs films sur le voyage de Cédric Klapisch qui a remis cette expression à l’honneur. Dans ce film qui traite de la jeunesse européenne on retrouve les accents si cher à Chateaubriand. Ces jeunes étudiants qui profitent du fameux programme d’échange universitaire, connu sous le nom d’Erasmus, vivent un moment de grâce le temps d’une année universitaire à l’étranger. Au cours d’une année scolaire on suit une petite bande d’étudiants qui est venue des quatre coins de l’Europe dans le but de suivre un ou deux semestres d’études à Barcelone. Pour le réalisateur, l’auberge espagnole est avant tout en Espagne, mais elle est aussi le résultat de ceux qui sont présents. Chacun vient avec ce qu’il possède mais aussi avec ses défauts et ses qualités. La réunion de personnage atypique et hétéroclites crée au finale une alchimie inimitable. Une auberge espagnole est un lieu où l’on se sent bien et un lieu de partage. C’et du moins le sens qui s’est trouvé associé après la diffusion de ce film.
crédits photos: yann – ©escaledenuit