Bien que les océans occupent plus des deux-tiers de la planète, les endroits où les vagues parfaites déroulent ne se comptent sur les doigts de la main à l’échelle d’un pays. Mais lorsque l’on parle de vague de classe mondiale la liste se rétrécie encore un peu plus. Et lorsque l’on parle de la meilleure et de la plus belle vague du monde, alors tous les yeux se braquent sur Teahupoo une vague hors norme qui déroule sur la barrière de corail de la presqu’île de Tahiti.
La plus belle vague de la planète
Avec son tube féroce, sa forme en fer à cheval et ses dimensions gargantuesques, la vague de Teahupoo est la vague la plus convoitée de la planète. Elle est massive, mythique mais aussi c’est l’une des vagues les plus dangereuses et des plus difficiles à dompter de la « planète surf ».
Décrypter la vague de Teahupoo
Tout d’abord il y a la très longue houle, un phénomène typique de l’océan Pacifique. Ensuite la vague n’est quasiment pas seulement visible en surface. Elle est également assez profonde. Et lorsque celle-ci approche de la barrière de corail elle s’élève brutalement sans pour autant former un peak. En d’autres termes c’est toute la vague qui se lève formant un mur. On s’attend alors à voir cette muraille déferler d’un coup, alors qu’en fait elle déroule et en plus elle offre aux surfeurs les plus courageux un immense tube. Et c’est ce phénomène qui déroute et impressionne grandement les nouveaux venus.
Teahupoo une vague de légende
Lorsque les vents soufflent vers le sud on voit relativement bien arriver les vagues et notamment les grosses séries. Mais lorsque celui-ci tourne au sud-ouest alors la lecture des vagues devient plus complexe. Car les grosses vagues se lèvent d’un coup, juste un peu avant l’endroit où elle sont sensées commencer à dérouler.
Une vague tubulaire unique en son genre
Ce qui est très perturbant avec la vague de Teahupoo c’est avant tout sa vitesse. Dès que le surfeur commence à ramer, il doit s’engager totalement dans la vague, presque sans contrôle. Contrairement à beaucoup d’autres vagues on ne peut pas contrôler le démarrage ni refuser de s’engager dans la vague à la dernière minute.
En effet, pour éviter de se faire écraser par l’énorme lèvre de cette vague tubulaire, il faut s’échapper le plus vite possible du premier tiers de la vague. Car c’est cette partie qui va se replier à 180 degrés pour former un tube, la figure reine du surf. La pente de la vague gardera quant à elle une inclinaison de 45 degrés tout au long de sa course sur la barrière de corail.
Le fonctionnement de la vague
Ensuite, une fois le démarrage réussi il faut se caler sur une trajectoire et mettre un peu de poids sur le pied avant pour gagner le maximum de vitesse. Le tout en étant sur une trajectoire ni trop haute (pour ne pas se faire éjecter de la vague) et ni trop basse (pour ne pas se faire écraser par la lèvre de Teahupoo).
Après avoir fuit le premier tiers de la vague et s’être idéalement placé, le surfer va falloir avancer au moins aussi vite que le déferlement et ce, pour ne pas se faire « enfermer » par la vague. Le risque c’est de se placer trop à l’intérieur pour avoir l’avantage sur les autres surfeurs mais d’être incapable de rattraper la section tubulaire. Une section qui déroule relativement plus vite, en comparaison avec les autres vagues de la planète. Et par conséquent lorsque l’on ne sort pas du tube on est bon pour faire quelques tours dans cette immense machine à laver. Et c’est généralement à ce moment là que les problèmes commencent. En effet, si une vague est tubulaire c’est tout simplement parce qu’il y a très peu de fond. Hors à Teahupoo, le fond il n’y en a presque pas, il est estimé à un petit mètre et en plus il est extrêmement coupant.
L’une des plus grosses vagues du monde
Lorsque la plus belle vague du monde se déchaîne c’est que la houle est dantesque. On parle alors de code rouge. A partir de cinq mètres la vague devient encore plus rapide et il devient presque impossible de la prendre en ramant. C’est alors que les jets-skis prennent la relève et que les spécialistes du surf tracté rentrent en scène. (Le tow-in)
Leurs planches sont généralement plus petites et jusqu’à cinq fois plus lourdes. Enfin des sangles de planche à voile (pour les pieds) permettent aux surfeurs de rester bien arrimés sur leur planche. Mettre de la wax n’apporterait pas grand chose.
La bombe et le code Rouge, les spécialités locales
De temps à autre une vague plus grosse que les autres casse de manière soudaine. Les locaux surnomme ce type de vague : « la Bombe ». Ces immenses vagues explosent littéralement un peu avant la barrière de corail et surprennent les gens qui sont sur le plan d’eau. Tant les surfeurs sur leurs planches que les spectateurs sur les embarcations. Il n’est pas rare de voir des scènes de panique lorsque la Bombe déroule.
Le code rouge quant à lui c’est la prévision météo que tout le monde attend. Une forte houle orientée bien face au spot et un vent relativement faible voir inexistant ce qui rend la vague parfaitement lisse. A l’annonce du code rouge le petit monde des surfeurs de gros entre en ébullitions et plus rien ne semble avoir d’importance. Si cette vague n’était pas aussi dangereuse elle rendrait fou une bonne partie des amateurs de surf.
La légende de la fille du vent et le roi de Teahupoo
On raconte qu’il y a des siècles un femme marchait sur l’eau. Les polynésiens la voyaient en fait pratiquer l’ancêtre du surf. Mais un roi jaloux décida de tuer cette femme pour s’accaparer son art. Mais son forfait ne restera pas impuni. Car ce roi polynésien finira par se faire assassiner un peu plus tard par son frère. La fille du vent était vengée et aujourd’hui la vague de Teahupoo continue de célébrer cette reine disparue de manière si tragique.
Grâce à la plus belle vague du monde, la princesse Vehiatua i Te Matai règne donc pour l’éternité sur le surf polynésien.
remerciements: Tahiti Tourisme & Gaëlle Perrin Communication