Carnet de voyage dans l’un des départements les plus méconnus des français. Une frontière avec la Belgique et une autre avec la région parisienne. Ce département tout en longueur a connu les intrigues des Rois de France, les guerres mondiales du XX ème siècle et les secrets de la fabrication du Champagne. Mais l’Aisne c’est avant tout un magnifique territoire rempli de surprises et de lieux insolites.
Chronique d’un voyageur ordinaire sur les routes insolites et secrètes de l’Aisne
1 ère étape : La Ferté Milon et Villers-Cotterêts
Le château de la Ferté Milon
Tout commence avec un intrigant château situé à la Ferté Milon dans le Valois. L’histoire d’un village où un roi jaloux, Henri IV fit détruire le château inachevé de Louis d’Orléans vers la fin du XV ème siècle. Les histoires de famille laissent parfois des traces qui surgissent de la mémoire collective.
La foret domaniale de Retz
C’est l’une des plus grandes forêts de France. Située à quatre-vingts kilomètres de la capitale, la forêt domaniale de Retz s’étend sur une superficie de plus de treize mille hectares. On trouve dans cette forêt domaniale principalement des hêtres mais aussi quelques chênes, merisiers, érables, bouleau ou châtaigniers. Saurez-vous tous les reconnaître?
La forêt de Retz couvre une bonne partie du département. Elle est gérée par l’Office National des Forêts qui se trouve à Villers-Cotterêt.
Le château de Villers-Coterrêts
Pendant longtemps ce lieu était une maison de retraite, puis il fut un lieu d’accueil pour les sans-abris. Laissé a l’abandon, ce château picard est devenu un musée. La cité de la Francophonie, un projet politique avant tout, qui insiste très fortement sur l’évolution de la langue et sa nécessaire évolution. Bien qu’il faille bien reconnaître que celle-ci a peu évolué ces deux derniers siècles, la scénographie en fait des tonnes sur le verlan et autres mots à la mode. En oublient de faire la place belle aux mots plus anciens. Un charabia qui en oublierait même les emprûnts à la langue arabe, au sanscrit ou au russe.
La visite de la chapelle nous remet les pieds sur terre. Et on comprend alors que l’art (sacré) est bien au-dessus de la multitude d’écrans utilisés au cours de la visite. Pour rappel, l’art sacré fût tout simplement pendant des siècles durant le seul biais d’expression pour des artistes qui ne pouvaient pas créer hors du domaine de l’église (sous peine de se voir excommunié ou exécuté sur la place publique). La création d’une statue ou d’une peinture s’est donc longtemps effectuée sous le patronage de l’église catholique (un temps révolu).
2 ème étape : Bohain, rendez-vous avec l’art au coin de la rue
La Maison familiale d’Henri Matisse
Matisse termina sa vie dans la belle ville de Nice en 1954. Mais c’est en 1869 qu’il voit le jour au Cadeau Cambrésis, un village du nord de la France. Très vite sa famille s’installe à Bohain et c’est dans une belle maison très lumineuse qu’Henri Matisse passera les vingt premières années de sa vie.
Cet immense artiste fut le contemporain de Pablo Picasso, Paul Cézanne, Marc Chagall et Claude Monet. Sans parler des maîtres que sont Van Gogh, Auguste Renoir, Claude Monet et de son maître Gustave Moreau.
Henri Matisse débute donc sa vie à Bohain, il vit dans une belle maison où ses parents exercent la profession de grainetiers. Pour compléter les revenus de la famille sa mère fait de la peinture sur porcelaine et elle vent également des pigments de couleur. C’est donc de sa mère que Matisse tient les secrets de la couleur. Une couleur que lui seul réussira à maîtriser et à utiliser comme seul sujet de ses toiles.
La Fresque d’Emile Flamand
Toujours à Bohain en Vermandois, il faut se rendre à la mairie pour pouvoir sur simple demande ou idéalement en prenant rendez-vous visiter la magnifique salle des mariages. Une fresque dessinée sur les murs pendant presque deux années par un artiste quelque peu oublié. Reste une splendide fresque dessinée après la première guerre mondiale. C’est dans ce contexte qu’Emile Fernand va dessiner en 1925 et 1926 une fresque sur le thème de la Prospérité, de la paix et du bonheur retrouvé. Il interdira à tout le monde même au maire d’accéder à la salle pendant la durée de ses travaux. Le résultat est surprenant et très réussi.
3 ème étape : Le Familistère, l’utopie au service des hommes
Le familistère c’est l’histoire de Monsieur Godin, un homme devenu riche qui décida de créer et de modifier la société dans laquelle il vivait. Un projet utopique vers la fin du XIX ème siècle qui est une vision moderne d’une société qui redistribue en nature certains avantages à ses salariés. Logements, vie culturelle son au programme mais également un projet de société nouvelle qui s’affranchit de la religion et un projet qui se veut socialement responsable. Godin, un riche homme d’affaires de la région décide de rendre l’école obligatoire jusqu’à l’âge de 14 ans. Avec cette mesure, il met un coup d’arrêt dans ses usines au travail des enfants.
Mais ce modèle de société, qu’il a tant désiré et fantasmé, ne lui survivra malheureusement pas. Un modèle intéressant qui hésitait entre une certaine forme de paternalisme bienveillante et de réelles avancées sociales. Son idée reposait un peu trop sur sa propre volonté et le souhait de dépasser sa propre condition humaine. C’est ce qui explique que cette organisation ne résistera pas à l’épreuve du temps. Reste que le familistère est une expérience assez unique à vivre et très innovante pour le XIX ème siècle.
Où manger à Guise? économat du familistère, coût d’un plat environ 10 euros, 178 Familistère Central, 02120, Guise, téléphone: 03 23 61 35 36
4 étape : Laon à la recherche du temps perdu
Se rendre à Laon, c’est avant tout partir à la découverte d’une ville à l’architecture assez incroyable. Une superbe cathédrale, des souterrains. Mais cette ville de l’Aisne, c’est aussi une ville fortifiée située tout en haut d’un éperon rocheux.
Cette ville d’environ 25 000 habitants offre de très jolis panoramas et un cadre de vie assez romantique. Au programme: balade sur les remparts et visite du jardin médiéval.
A proximité on trouvera le château de Coucy et les ruines de l’Abbaye de Vauclair.
Où dormir à Laon: la maison des trois Rois, 17 rue Saint-Martin, 02000 Laon, téléphone : 03 23 20 74 24
5 étape : Saint-Quentin
Saint-Quentin est l’un des passages obligés du département. Soit parce que vous viendrez découvrir l’Aisne en train, soit parce que vous viendrez y admirer sa basilique et la Grand’Place, le musée des papillons ou le parc de l’Isle.
De nombreux hôtels proposent des tarifs abordables que ce soit dans le centre ville ou le long de la Somme. Fleuve qui est d’ailleurs l’un des plus long cours d’eau de France.
Le nord de l’Aisne
Donjon de Septmonts
Non loin de Soissons, se trouve un monument insolite. Il s’agit du donjon du château de Septmonts. Une bâtisse qui date du XIV ème siècle et qui fut pendant un temps la demeure des évêques de Soissons. Il est possible de visiter le donjon et de profiter d’une vue panoramique sur le village et les paysages environnants.
crédits photos: Yann Vernerie