Il est des villes légendaires que l’on a toujours eu envie de visiter. Des villes qui sont dans l’inconscient collectif et qui nous attirent tels des aimants. Saint-Petersbourg est l’une de ces rares villes qui envoutent et enivrent les visiteurs.
Saint-Petersbourg, bien plus qu’une grande ville russe
Cette ville du nord-ouest du pays est un concentrée architectural de tout ce qui se faisait de mieux en Europe. Saint-Petersbourg est la ville la plus romantique de Russie, mais c’est surtout une ville qui parle à tous. Les amoureux de la mer se baladeront sur les quais, le long des hôtels particuliers des armateurs.
Si la chance leur sourit ils verront peut-être le Seedov ou un autre vieux gréement. Ceux qui préfèrent la culture, se baladeront sans doute entre le théâtre Marinsky et le palais de l’Ermitage. Saint-Petersbourg est une ville musée. Un musée à ciel ouvert qui a souffert pendant de nombreuses décennie mais qui est aujourd’hui très bien restaurée.
Lorsque l’on s’intéresse à l’itinéraire de cette ville impériale on ne peut-être que surpris. Au commencement, la capitale historique de la Russie c’est Kiev, une ville méconnue et un peu confidentielle. Puis la capitale russe fut transférée à Vladimir, à Moscou puis à Saint-Petersbourg pour près de 200 ans.
Saint-Petersbourg et ses cathédrales
Ce qui donne à Saint-Petersbourg, sa grandeur et sa splendeur, ce sont aussi les six cathédrales de Saint-Petersbourg. Hormis l’aspect religieux de ces monuments, il faut souligner que ce sont des oeuvres d’arts ouvertes sur la ville. Des cathédrales qui réveillent un soupçon de mystère, des lieux emplis de spiritualités. Ces jolies cathédrales russes faites de pierres grises sont posées aux quatre coins de la ville.
Notre-Dame de Kazan
La construction de cette cathédrale aura duré une petite dizaine d’années entre 1801 et 1811. Cette cathédrale est facilement reconnaissable de part sa forme en arc de cercle. Son architecte Andrei Voronikhine a voulu sa cathédrale en arc de cercle, un peu à la manière de la Basilique Saint-Pierre de Rome. Notre-Dame de Kazan est monumentale et facilement reconnaissable. Au pied de ses immenses colonnes on a l’impression d’être absorbé et attiré vers l’intérieur. Une fois rentré on est alors subjugué par le silence et les odeurs d’encens. Un détail qui nous rappelle qu’en Russie nous ne sommes plus tout à fait en Europe et aux portes de l’Asie. Et la présence de batons d’encens ne fait que renforcer cette impression.
L’histoire tumultueuse de la cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-sang-Versé
Le début de la construction de la cathédrale date de 1883 et les travaux firent achevés en 1907. Le nom de cet édifice religieux fait référence à l’assassinat du Tsar Alexandre I, qui fut assassiné en lieu et place de la cathédrale.
Une cathédrale qui fut construite dans un style médiéval russe et qui n’est pas sans rappeler la basilique Sainte-Basile de Moscou. Mais à l’intérieur c’est près de 8 000 mètres carrés de mosaïque. C’est à ce titre un record. Un bâtiment symbolique dont la coupole principale culmine à 81 mètres, 81 était l’année à laquelle l’attentat a eu lieu. La coupole du deuxième dôme le plus haut culmine quant à lui à 63 mètres. Un chiffre qui fait référence à l’âge auquel Alexandre II est décédé.
La cathédrale cathédrale Saint-Sauveur sur le sang versé, fut endommagée à plusieurs reprises lors du XX ème siècle. Elle fut une première fois pillée et mise à sac en 1917, lors de la révolution d’octobre. Puis la cathédrale fut fermée dans les années 30 par les autorités. La cathédrale fut donc laissée à l’abandon.
Puis lors du siège de la ville par les nazis, l’édifice subit quelques dommages durant la guerre et failli même disparaître. En effet un obus qui n’avait pas explosé fut retrouvé en 1961 dans l’un des dômes de la cathédrale. A savoir que pendant le siège de la ville, la cathédrale était dédiée au stockage de nourriture. A cette occasion, les habitants surnommèrent de manière un peu irrévérencieuse la cathédrale de Saint-Sauveur sur patates en référence aux pommes de terres qui étaient stockées à l’intérieur.
Sur le fil du rasoir
Après la guerre la cathédrale servit d’entrepôt pour un opéra situé juste à côté. A partir de 1970, la cathédrale fut gérée par un organisme culturel qui commença à effectuer des opérations de rénovation. Il aura fallut près de vingt-sept années pour que la cathédrale soit finalement restauré. Elle rouvrit ses portes en 1997.
A noter que par trois fois les autorités soviétiques avaient pensé a détruire ce symbole de la Russie Tsariste. La première fois ce fut en 1931, puis la décision fut reportée. Vers la fin des années 30 le sujet revint sur la table mais la guerre avec l’Allemagne nazie sauva de justesse la cathédrale. Puis au milieu des années 50 une nouvelle fois les autorités soviétiques souhaitèrent détruire la cathédrale. Mais les historiens, les architectes de la ville et les habitants s’y opposèrent.
Saint-Petersbourg, industrielle et laborieuse
Cette face de la ville est souvent méconnue et ignorée des visiteurs. Certes la perspectives Nevski, les nombreux canaux du centre ville séduisent les visiteurs. Les palais de Saint-Pétersbourg, la ville la plus romantique de Russie, terminent d’éblouir les visiteurs.
Mais si cette ville du nord de la Russie a connu une croissance démesurée c’est aussi parce que la révolution industrielle a eu lieu également lieu à Saint-Pétersbourg et même dans Saint-Pétersbourg. Cette ville construite sans rempart ni fortification allait accueillir près de mille usines sur son territoire. Pourquoi est-ce si important ? Et bien tout simplement parce que c’est la pauvreté entre un centre impériale et une foule laborieuse qui aboutira à de nombreuses tentatives d’assassinats de Tsar. Mais aussi à l’instabilité politique et surtout à la révolution de d’octobre rouge de 1917.
Saint-Petersbourg, ville des extrêmes et ville de contraste
Ne dit-on pas que « le paradis des riches est fait de l’enfer des pauvres ». C’est malheureusement vrai et moralement condamnable, mais la nature humaine est ainsi faite. Des sociologues avaient fait il y a de nombreuses années une étude dans un lotissement d’une ville moyenne. Ils demandaient aux habitants ce qui étaient important pour eux. Avec un faisceau de questions ils arrivaient à déceler l’impensable. Pour une écrasante majorité, le plus important n’était pas de gagner 5000 euros par mois, mais d’être parmi ceux qui gagnaient le plus. Nos sociétés contemporaines visent l’égalitarisme lorsque les êtres qui les composent souhaitent dominer les autres. Que ce soit économiquement, idéologiquement ou socialement parlant.
La face cachée du romantisme
Ce qui frappe à Saint-Petersbourg, c’est donc la pauvreté. Une précarité qui perdure et qui n’a été qu’accentuée par plus de soixante-dix ans de collectivisation. C’est sur ces difficultés que s’est également construit l’image de Saint-Pétersbourg, la ville la plus romantique de Russie. Une ville où les pauvres pouvaient admirer les riches. Des riches qui n’existaient que dans le regard des pauvres. Il existe en effet à Saint-Petersbourg une certaine théâtralisation. La pauvreté participe à la mise en valeur de la ville, de ses richesses architecturales. Ceci n’est pas une critique de l’aristocratie ni même celle de la bourgeoisie. Il s’agit d’une constatation, le romantisme a besoin de tout un tas d’éléments comme la pauvreté. Un besoin de l’autre qui vous aime et qui vous permet de vous élever socialement. Mais il y a également le personnel de maison, entièrement dévoué et qui considère ses maîtres comme étant des êtres privilégiés.
Les appartements collectifs
Et puis il y a les personnes âgées, ceux là, il ont presque tout vu, tout entendu. Ils ont donné leur vie à un pays, vécu dans des « komunalka ». Derrière ce terme se cache le nom d’appartement collectif. Plusieurs familles vivant dans un appartement. Chaque clan étant reclus dans une petite chambre, mais tous étant obliger de partager la cuisine, les sanitaires et la salle de bain. Même si l’Union soviétique a disparu en 1991, les appartements collectifs ont continué à exister. Petit à petit il disparaissent et les pauvres se voient attribuer des appartements dans la banlieue de Saint-Petersbourg. Certains acceptent de faire quarante minutes de métro jusqu’au centre, tandis que d’autre s’accrochent à une adresse. Et ce même si la vie n’est pas évidente tous les jours.
Une ville portuaire
Aujourd’hui, Saint-Pétersbourg est une ville russe de l’ère post-soviétique. Un lieu qui petit à petit a vue une criminalité apparaître. Le centre ville est touché par de la petite délinquance.
Des vols à la tire où des pickpockets sont à l’oeuvre, un peu comme dans toutes les métropoles du monde. Mais, à Saint-Petersbourg, plus on s’éloigne du centre ville et plus la ville devient dangereuse. Les banlieues de Ligovo, Kupchino ou de Kolpino ont par exemple toujours été des endroits de grande pauvreté où la criminalité a toujours été plus marquée.
La présence du port y est sans doute pour quelque chose. En effet le port de Saint-Petersbourg est l’un des plus grands ports européens. C’est par celui-ci que rentre une bonne partie des produits importés en Russie. Il y a la douane blanche, ce qui est légale mais aussi la douane grise, c’est à dire que les marchandises déclarées ne sont pas en lien avec ce qu’il y a dans le conteneur. Et puis il y a la douane noire qui est une activité de contrebande, ni plus ni moins.
Saint-Pétersbourg, une ville ouverte sur le monde
Lorsque Pierre le Grand décida de construire la nouvelle capitale de la Russie, il voulait en faire un grand port. Finalement à cause de la faible profondeur de la Neva, le père fondateur de Saint-Petersbourg dû renoncer en partie à son grand projet. Il devra finalement créer le port à une vingtaine de kilomètres de la ville. C’est ainsi que Kronstadt fut créé en l’an de grâce 1710. Mais pour conquérir le monde il faut des navires. Et c’est donc à Saint-Petersbourg que fut construit le premier navire de la flotte russe. Ce navire s’appelait Oriol, ce qui veut dire l’aigle, lorsque l’on traduit littéralement du russe. Sa construction dura deux années entre 1667 et 1669. L’Oriol mesurait 24,5 mètres de long il était manoeuvré par 23 marins. Hormis l’équipage, il y avait également 36 soldats se trouvaient à son bord. Les couleurs bleu, rouge et blanc du drapeau russe proviendrait d’ailleurs du pavillon de cette frégate.
L’histoire de Saint-Pétersbourg
Au XVIII ème siècle, Saint-Pétersbourg est imaginé autour de plusieurs axes ou perspectives. Il y a la Neva, la principale artère de la ville et la perspective Nevski, ce sont les Champs-Elysées de Saint-Petersbourg.
Saint-Petersbourg est une ville qui a été entièrement pensée et crée autour du fleuve. Une ville construite sur trois terres reliées entre elles par des ponts. L’île de Petrogradskaya, l’île Vasilyevski et la rive sud de la Neva constituent les trois parties principales de la plus européenne des villes russes.
Au centre de ces trois îles se trouve la place de l’Aquatoria. C’est sur cette place d’eau que l’on trouve les bâtiments les plus emblématiques de la ville. Il y a donc le Palais de l’Ermitage, l’Amirauté, la forteresse Pierre et Paul, sans oublier le bâtiment de la Bourse.
On peut s’apercevoir sur les clichés de Saint-Petersbourg que cette ville est à la fois dense et baroque. Les bâtiments sont assez proches les uns des autres, tout en étant répartie dans des espaces immenses. D’une rive à l’autre il y a une immense perspective et beaucoup d’espace. Un espace qui a été créé naturellement par le fleuve.
Saint-Petersbourg est donc une ville créée de toute pièce par une homme Pierre le Grand. Il avait un rêve, celui de construire une capitale grandiose, une ville impériale qui n’aurait rien à envier à ses rivales européennes.
Pour construire cette ville de nombreux ouvriers sont morts. Au début des travaux on comptait 40 000 ouvriers qui se relayaient tous les trois mois. Il faut dire que les conditions de travail étaient vraiment compliquées. Le climat étant particulièrement rude dans cette partie de la Russie. Pour rappel Saint-Petersbourg se trouve sur le 59,56 ème parallèle nord. La ville de Pierre le Grand se trouve sur le même parallèle que Stockholm ou Helsinki.
Le gel, l’humidité ont été autant de facteurs aggravant. L’hiver il fait nuit presque toute la journée alors qu’en été il fait jour 24 heures sur 24. Autant dire que les hommes qui ont construit la ville ont vraiment souffert.
La belle capitale tsariste cache donc bien des secrets. Cette ville qui est un bijou architectural et qui a trois siècles d’existence, qui a inspirer tant de poètes et d’écrivains n’est pas tout à fait celle que l’on croit connaître. Certaines mauvaises langues disent même que la ville a été construite sur des os (humains). Et ce pour faire allusion aux milliers de paysans réduits au servage et qui sont morts pour la construction de la ville.
Voilà, on tombe amoureux d’une ville et puis avec le temps viennent les désillusions où peut-être alors cesse-t-on d’être naïf. On découvre une ville en mauvais état et qui a chaque hiver se détériore un peu plus. Avec le temps on commence à mieux voir la pauvreté. De pauvres gens qui vivent dans le dénuement le plus total avec 100 ou 200 euros par mois.
Mais une chose est sûre, Saint-Petersbourg est et restera encore longtemps une destination romantique mais aussi l’une des plus belles villes de Russie.
crédits photos: Yann Vernerie