Les prises de positions publiques de la Maire de Paris qualifiant de « peine à jouir » ou de « gna gna gna gna » pour ceux qui osaient donner leur avis sur l’évènement, ont permis de mettre en lumière les oppositions concrètes des parisiens aux Jeux Olympiques d’été 2024. Outre le caractère familier ou déplacé des déclarations d’une élue de la République, il faut reconnaître que le climat des JO n’était pas forcément très bon. Et ce tant sur le plan organisationnel que politique. Parce que l’on a tendance à tout oublier très vite, il était important de récapituler les griefs et les couacs d’une organisation qui aura coûté une bonne dizaine de milliards d’euros à la France.
Les parisiens et les Jeux Olympiques de Paris 2024
Le moment de fête et d’allégresse promit par la maire de Paris semble s’être arrêté au stade des promesses pour venir se briser sur le mur des réalités. Personne ne pouvait prévoir un niveau d’alerte attentat aussi élevé, la mairie de Paris n’y était pour rien, le climat avant les jeux fût délétère. Ce sont les parisiens qui ont dû devoir vivre pendant des semaines avec une ou plusieurs épées de Damoclès au-dessus de leur tête. La Maire promettait depuis des années une ville apaisée, mais l’appel des trompettes de la renommée auront été plus fortes et les JO 2024 devaient impérativement se tenir à Paris et s’y dérouleront coûte que coûte.
En effet le retour des Jeux d’été dans la capitale se fera dans un contexte d’alerte attentat écarlate. Guerre en Ukraine, guerre à Gaza, autant de conflits qui peuvent diviser l’opinion publique ou qui pourraient servir de caisse de résonance pour trouver un nouvel écho lors de cet évènement qui s’est voulu de tout temps, être une véritable trêve sportive. Une trêve olympique qui n’en aura que le nom, puisque a priori aucune trêve n’est envisagée sur la planète pendant la période des Jeux.
Pour que tout ce passe bien, Paris fût transformé en village Potemkine, la Mairie et l’état, main dans la main nettoyèrent la capitale des joueurs de boneto, des délinquants et de tout ce qui pouvait nuire à cette grande entreprise commerciale. Il est important de rappeler que cet évènement n’a rien de publique ou de philanthropique.
La grève et le chantage aux jeux
Sur le front social, les travailleurs ou fonctionnaires qui exerçaient des fonctions vitales pour le pays n’ont pas tardé à faire grève et ce afin de réclamer leur part du gâteau. Eboueurs, policiers, personnel médical, conducteurs de train, personnel de la RATP, tous on fait valoir leurs arguments auprès des autorités compétentes pour obtenir une sorte de treizième mois. Le tout sur le dos des usagers et contribuables. Les jeux qui ne devaient pas coûter un centime sont désormais bien engagés sur la piste du dérapage budgétaire. Il suffit pour cela de reprendre les rapports de la cour des Comptes.
La baignade dans la Seine
Encore un moment fort dans la préparation des jeux olympiques. On apprenait que 1,4 milliard d’euros avait été déversés dans un « vaste chantier au résultat incertain » pour rendre la Seine baignable. (À titre d’information un hôpital coûte environ trois cents millions d’euros.)
A cette décision loufoque, un vieux serpent de mer datant de Jacques Chirac, se mêlait les promesses d’Anne Hidalgo et d’Emmanuel Macron de se baigner dans la Seine le 23 juin 2024. Une promesse ou un vœu intenable.
Dans un premier communiqué, on apprenait que la baignade serait repoussée de quelques jours. Avant d’apprendre qu’une baignade de la maire ne serait pas envisageable à cause du courant. La baignade dans la Seine est l’un des nombreux épisodes du feuilleton Jeux Olympiques. Finalement la dissolution surprise et les législatives auront eut raison des bonnes résolution de la maire et du président.
* Source: Libération, 15 mars 2024, « Sueurs froides – JO de Paris : 1,4 milliard d’euros, six ans d’efforts et une Seine baignable pour tous ? »
Fin juin 2024, un scenario catastrophe commence à se dessiner. La Seine n’est pas adapter à la baignade. Le fleuve pollué aux PCB, longtemps considéré comme le fleuve le plus pollué d’Europe est en train de devenir le catalyseur d’une tragédie grecque. Cette histoire de Seine finira par surprendre tous les participants et la qualité de l’eau n’aura jamais vraiment été au rendez-vous, la faute à la pluie. La Mairie nous annonçait un réchauffement climatique et des étés très secs. Mais en 2024 la météo a fait mentir les Nostradamus du climat qui auraient dû parler de dérèglement climatique plutôt que de réchauffement et ce afin d’essayer de capitaliser électoralement le plus vite possible sur des tragédies.
Des JO durables mais des stades temporaires
On nous explique en long en large et en travers que les installations olympiques vont rester. Mais lorsque l’on se balade à Paris on découvre de trop nombreux stades temporaires montés à la hâte sur les trop rares emplacements libres ou espaces verts de la capitale. (esplanades des Invalides, place de la Concorde, champs de Mars, jardin des tuileries etc.) La densification de la capitale en surface est en route. Mais au-delà de la résistance de ces stades en kit, la grande inconnue se trouvera résolument du côté du métropolitain parisien.
La vague de Tahiti et la construction d’une tour des juges
Elle en aura fait couler de l’encre cette histoire. Tout a commencé avec l’idée d’organiser l’épreuve de surf à Tahiti. Faire débarquer toute la planète surf sur l’une des vagues les plus dangereuses du monde, n’était pas forcément l’idée du siècle. Mais détruire l’ancienne tour en bois du lagon pour y placer une nouvelle tour plus moderne, allait à l’encontre même de la notion d’écologie. Pour la première fois les organisateurs des jeux rentraient dans une opération de « greenwashing ». Des surfeurs tahitiens s’y sont opposés. Matahi Grolet, surfer, a lancé un appel qui a reçu un accueil considérable dans la communauté du surf et dans le monde. Une pétition réunissant plus de 256 000 signataires sur le site « change » n’aura pas réussi à faire reculer les ambitions constructivistes du comité d’organisation des JO.
Au bout de la mobilisation, la nouvelle tour des juges sera tout de même construite pour le plus grand désarroi des tahitiens et des défenseurs de l’environnement. Mais l’affaire ne s’arrêtait pas là. Car on apprenait qu’une délégation de la Mairie de Paris s’était envolée pour voir La vague. C’était la goutte d’eau qui fit déborder le lagon ou la Seine pour de nombreux parisiens. Une fois sur place, la Maire avait envoyé une représentante à Teahupoo car le contexte local ne lui permettait pas de faire la visite en toute sécurité. Ce déplacement controversé fait l’objet d’une enquête du Parquet National Financier.
*Source : Polynésie 1ère avec AFP – 5 mars 2024 – « Voyage d’Anne Hidalgo à Tahiti : perquisitions à la mairie de Paris »
Après moult communiqués de presse on apprenait que le voyage était à la fois privé et à la fois professionnel. Une sorte de déplacement hybride effectué exclusivement en avion. Hasard du calendrier, la maire devait aussi se rendre à Bora Bora et ce pour des raisons familiales.
Des jeux pour tous mais à des prix prohibitifs
Le prix de la cérémonie d’ouverture sur la Seine a été proposé à la vente à un prix défiant toute concurrence. Un spectacle unique au tarif exorbitant de 2500 euros la place. Ceux qui souhaitaient la version papier pour leur ticket d’accès auront déboursé presque deux cents euros de plus. Il faut reconnaître qu’être assis sur un siège en plastique sous le soleil pour regarder passer des péniches et des bateaux-mouches et sous régime vigipirate attentat écarlate, ça n’a pas de prix.
Et comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, les commerçants de la capitale commence à réclamer des aides pour des JO qui ne devaient pas coûter un centime aux contribuables. Le pli covid / quoi qu’il en coûte a été pris et désormais il est plus facile de se plaindre pour taper dans la caisse (et la dette publique) que d’organiser correctement une compétition sportive.
Les JO soumis à autorisation de déplacement – le régime des QR codes
Zones rouges, zones grises, « les jeux pour tous » n’étaient en fait qu’une vue de l’esprit. Ceux qui se déplaceront pendant les JO 2024 devront montrer patte blanche. Jusqu’à posséder une copie des papiers d’identité des personnes qu’ils souhaitaient visiter ou leur billet pour les jeux ou une preuve d’hébergement. Les jeux pour tous les parisiens se sont révélés être d’avantage un slogan plutôt qu’un véritable moment de partage. Les restaurateurs et les commerçants l’ont bien compris et ont bien vite tiré le rideau sur l’été 2024. Au final l’effet JO n’a pas eu lieu. Et le nombre de visiteurs s’est traduit par une sorte de fiasco économique.
Grilles métalliques, armes de guerre pour les forces de l’ordre et laissez-passer – lorsque les JO de Paris deviennent un film d’horreur
Et ceux qui l’ont compris ont commencé à nourrir un sentiment de rejet vis à vis de « cette grande fête du sport ». Un évènement qui a oublié en chemin les valeurs de partage, d’esprit d’équipe, de sacrifices et d’abnégation. Les articles 2 et 4 de la déclaration universelle des droits de l’Homme et du Citoyen pourront bien patienter un peu plus d’un mois en attendant que la grande fête « écologique et inclusive » se termine.
Pour ceux qui en auront l’habileté administrative, ils se sont rendus sur un site ad hoc, dont seuls nos hauts fonctionnaires ont le secret. Un rendez-vous administratif obligatoire pour tous. Et ce afin de s’enregistrer, de justifier de ses déplacements avec preuves à l’appuie pour obtenir un QR code. Une sorte de laissez-passer, réservé, on l’aura compris, à quelques privilégiés vivant dans l’ultra-centre.
*Source: le Figaro – 13 mai 2024 – JO Paris 2024 : « tout comprendre au QR code obligatoire pour se déplacer »
Une expérience sociale plus proche de Kafka ou de Georges Orwell
Les « JO pour tous les parisiens » se révélèrent être un slogan puisque la ville a été complètement grillagée pour entraver la libre circulation des paisibles citoyens. Et ce sous prétexte de sécurité. Comme il n’est pas possible de sécuriser ni le territoire, ni le centre ville, on retourne aux bonnes vieilles méthodes du Moyen-Âge. La féodalisation est le fait d’accepter la violence et l’insécurité tout en créant des places fortes et des endroits sûrs, grâce à des remparts. Aujourd’hui nous avons les grilles et les murs en verre de la Tour Eiffel, le tout agrémenté d’une force armée (soldats ou gendarmes) jusqu’aux dents qui patrouille par groupe de deux. Les policiers ne sont pas en restent, eux aussi circulent à toute allure dans la ville sirènes hurlantes. Un fait qui ne faisait que faire monter le stress et la pression sur presque tous les parisiens. La plupart d’entre eux fuyèrent la capitale. Mais certains journalistes plus où moins piloté par l’armée de communicants de la Mairie de Paris ne manquèrent pas d’écrire des articles pendant les JO pour dire que les parisiens qui étaient partis regrettaient de l’avoir fait.
La police municipale quant à elle ne sait plus où donner de la tête. Fini la distribution de PV aux bobos chics (à vélo ou en voiture). Il faut désormais se préparer au pire et ce sans véritable expérience. (la police municipale est toute récente à Paris et n’a jamais vraiment gérée depuis 2021 autre chose que la surveillance et les réprimandes exclusivement auprès de parisiens paisibles).
Les désagréables surprises des Jeux Olympiques
Paris en cage
Si les JO 2024 faisaient débats et alimentaient les polémiques, c’est à la veille de cet évènement que les parisiens découvrirent l’ampleur de la farce articulée autour du mantra « des Jeux pour tous les parisiens ». En effet avec l’apparition des QR codes et de la reconnaissance faciale on découvrait la mise en place de plus de 40 000 barrières pour sécuriser les jeux. Au lieu de sécuriser la ville, la mairie et le pseudo centre d’organisation des JO avaient tout simplement décidé de sécuriser les spectateurs et les épreuves. Et laisser les parisiens (citoyens et électeurs) vivre dans une sorte de zone de sécurité dégradée.
Mais ce n’est pas tout, les parisiens seront privés de feu d’artifice du 14 juillet 2024 et ce pour cause de Jeux Olympiques. Les jeux pour tous oui, mais uniquement à la télé. A minima une grande manifestation serait la bienvenue pour rétablir le rétablissement de toutes les libertés même mineures à l’occasion du 14 juillet.
Source: Le Parisien – 6 juillet 2024 – » Le feu d’Artifice du 14 juillet se fera sans public à la Tour Eiffel «
Des marchés seront même fermés. Les parisiens seront privés de nourriture pendant le jeux, les livraisons des restaurants sont également touchées comme pour les magasins de la capitale. (source BFMTV)
Les voies de circulation pour les aparatchiks
Promouvoir les transports en commun pour le peuple tout en s’accaparant l’espace routier en surface. Le tout avec chauffeur et aux frais de toutes les françaises et de tous les français.
En Russie pendant des décennies la voie du milieu était destinée au transport des hommes de l’appareil politique et sécuritaire. A Paris, la mairie résolument opposée à l’usage de la voiture. Elle essaye même d’imposer une voie dédiée aux sportifs et aux organisateurs. Tout en essayant de l’imposer sur le long terme. La voie Paris 2024 sera comme le reste une décision administrative temporaire qui aura pour objectif de devenir définitif. Résultat, les voies de droite et parfois même de gauche seront dédiés à quelques privilégiés. Pendant que les parisiens continueront de perdre leur temps et leur vie dans la ville la plus embouteillée du monde.
*Source le Parisien, 28 mai 2024, article « Paris, la ville la plus embouteillée du monde au cours des quatre dernières semaines »
Mais le pire du pire, c’est bien évidemment les pistes cyclables converties en voie de circulation automobiles toujours pour le bien être du COJO et des élus parisiens. Les Jeux Olympiques ne seront donc ni cyclables, ni écologiques. La mairie de Paris, décidément en dessous de tout a même publié une liste à la Prévert de toutes les modifications et suppressions de pistes cyclables sur son site. (Rubrique actualité, des circulations vélo modifiées pour l’organisation des Jeux) Secteur Concorde, Pont au Change, Rive droite, Parc rives de Seine et bien évidemment le secteur Trocadéro, Invalides, Cité, Châtelet etc, etc.