La Bièvre, l’histoire d’une rivière parisienne disparue

La Bièvre et Paris c’est avant tout l’histoire d’une coexistence impossible entre une grande capitale et un petit cours d’eau qui finit sa course dans la Seine. Cette toute petite rivière qui est un affluent de la Seine a été assez vite colonisée par l’homme. Dès le III ème siècle des moines s’installent près de ce cours d’eau et vers le XI ème siècle quelques moulins à eau sont construits sur ses berges. Mais avec le temps, la forte densité de population et ses artisans installés autour de cours d’eau entraîneront la « disparition de la Bièvre » à Paris.

Une vue des Gobelins vers la rue Berbier du Mets où coulait la Bièvre
Une vue des Gobelins vers la rue Berbier du Mets où coulait la Bièvre

La Bièvre, la rivière disparue de Paris

Ce cours d’eau parisien mesure à peine 35 kilomètres de long et il prend sa source à 150 mètres d’altitude dans le parc des sources à Guyancourt. À son embouchure, le débit moyen est de deux cents litres par seconde (soit 0,2 mètre cubes par seconde). Néanmoins son débit est très irrégulier et c’est ce qui causera sa perte. En effet au fil des siècles les artisans prennent pour habitude de jeter leurs déchets dans la Bièvre. La rivière est donc utilisée au mieux comme une canalisation et au pire comme un égout. Résultat, l’odeur est pestilentielle, surtout en été lorsque le débit est très faible.

À partir du XIV ème siècle des tanneurs s’installent sur les berges de la Bièvre sur le territoire de l’actuel 13 ème arrondissement. En 1336 un décret oblige les artisans à s’installer hors de Paris. C’est ainsi que les blanchisseurs, les tisserands, cordonniers et les tanneurs se retrouvent autour de la Bièvre.

La manufactures des Gobelins

Un certain Jean Gobelin s’installera en 1443 à proximité de la Bièvre dans le faubourg Saint-Marcel. Ce teinturier d’origine flamande sera à l’origine de la célèbre Manufacture Royale des Gobelins. Une manufacture qui connaîtra un succès indéniable grâce à son fameux rouge écarlate. C’est ainsi que de nombreux teinturiers viendront s’installer à proximité de la Bièvre pensant que les eaux de la Bièvre n’étaient peut-être pas étrangères à la réussite de la Manufacture.

À cause du nombre excessif d’artisans et du trop faible débit du cours d’eau, la Bièvre devient un bourbier où circule une eau saumâtre. Et c’est sans doute pour cette raison que l’on a jamais fait une publicité excessive de cette rivière typiquement parisienne. Au XIX ème siècle avec les grands travaux du baron Haussmann, un sort est donc fait à la Bièvre elle sera recouverte et c’est ainsi qu’elle disparue de la surface de Paris.

C’est donc sous la pression de l’urbanisation continue de Paris et à cause des désagréments qu’elle apporte que la Bièvre sera recouverte peu à peu pour disparaître totalement de la surface de Paris en 1912.

Le parcours de la Bièvre

Comme mentionné ci-dessus, la Bièvre prend sa source à Guyancourt dans le département des Yvelines. Puis assez vite elle prend la direction de l’Essonne. ou elle traverse notamment la ville de Bièvres et Massy. Ensuite le cours d’eau passe par les Hauts de Seine et la ville d’Anthony puis elle passe par le Val de Marne en arrosant les villes de Fresnes, d’Arcueil ou de Gentilly.

La rue Brillat-Savarin longe le tracé de la Bièvre
La rue Brillat-Savarin longe le tracé de la Bièvre

Après Gentilly c’est la capitale. La Bièvre emprunte enfin le treizième arrondissement et le cinquième arrondissement. Ensuite elle se jette finalement dans la Seine au niveau de la gare d’Austerlitz.

Les crues de la Bièvre 

La configuration de ce cour d’eau à sa source étaient propices aux inondations. En effet à Guyancourt le plateau est argileux. Donc en cas de forte pluie, la terre est incapable d’absorber le trop plein d’eau. Parmi les crues les plus spectaculaires et tragiques, on retiendra celle du 15 mai 1527 et celle du 8 avril 1579.  À ces deux occasions des morts furent déplorés.  Mais il faudra attendre la crue de février 1665 suite à un dégèle très rapide pour que fut prise la décision de creuser une dérivation entre le square Andanson et le jardins des Plantes. Malheureusement très vite ce cours d’eau artificiel est transformé en égout.

La Bièvre a toujours fait coulé beaucoup d’encre. Et ce n’est pas aujourd’hui que cela va s’arrêter. Car face à l’urbanisation et la densification de Paris, la mairie se pose la question de réouvrir quelques tronçons de cette rivière enfouie.