Il y a quelques années une poignée des voyageurs avertis ont découvert par la presse économique ou par hasard l’existence d’un taux de change fixe. On parle ici du pesos Argentin une monnaie qu’il fut un temps de changer à taux fixe en Argentine mais aussi dans le reste du monde.
Pendant l’épisode argentin du dollar bleu il était donc possible de voyager « gratuitement » ou de gagner juste un peu d’argent le temps d’un voyage. Il suffisait d’acheter du dollar argentin en Amérique Latine pour voyager avec ou pour le revendre contre des dollars ou des euros en Europe. Une situation ubuesque qui contribuait chaque jour à enfoncer un peu plus le pays dans la crise. Retour sur l’incroyable histoire du dollar bleu.
Le contexte du dollar bleu et le mécanisme des changes
Généralement les écarts de change sont traités sur les marchés internationaux par les arbitragistes. Autrefois des traders analysaient les cours entre les monnaies. Ils achetaient du dollar, du mark ou de la livre sterling aux moins disant et ils revendaient ces mêmes devises au plus offrants. Puis avec le temps ce sont des logiciels qui ont pris la relève. Et finalement les différences cours se régulaient pratiquement automatiquement ou via l’action massive d’achat revente des arbitragistes qui traquaient le moindre petit écart.
L’Argentine est un grand pays d’Amérique Latine qui connu dans les années 90 des crises financières et économiques successives. Le FMI est même intervenu à plusieurs reprises pour refinancer l’économie du pays. Notamment en 2001 après la terrible dévaluation du pesos argentin (dollar argentin).
C’est ainsi qu’année après année mais aussi après quelques plans d’austérité l’Argentine a du se contraindre à instaurer un contrôle des changes stricte et fixe. C’est dans ce contexte de crise économique que le dollar bleu est apparu.
A partir d’octobre 2011 il était pratiquement impossible pour les argentins de se procurer du dollar américain. Il y avait de longue file d’attente et il fallait faire tout un tas de démarches administrative pour échanger le dollar argentin contre du dollar américain. C’était à l’époque, la seule possibilité pour se prémunir contre l’inflation et donc la dévaluation de la monnaie. La conséquence fut immédiate, sur le marché noir il était possible de vendre du dollar américain à un cours près de 33% plus élevé.
Par opposition au billet vert (le dollar américain) les argentins ont surnommé le dollar US du marché noir : le dollar bleu.
Pendant des années ceux qui étaient au courant de la pratique, échangeaient leurs devises dans la rue plutôt que dans les banques. Ils bénéficiaient alors d’un cours beaucoup plus favorable.
Avec le temps la situation devint intenable et les autorités argentines durent se résoudre à mettre fin la politique de contrôle des changes. Cela coûtait vraiment trop cher à l’état et puis lorsque l’on a un Paradis fiscal (l’Uruguay) juste en face de sa capitale il devient quasiment irréaliste de tenir sur le long terme.
Le mécanisme du dollar bleu pour voyager gratuitement ou presque
Pour bénéficier du taux de change le plus favorable, il fallait dans un premier temps se procurer des dollars américains ((5000 dollars environ) puis les changer contre des dollars US dans la rue (le fameux dollar bleu). Enfin avant de quitter le pays, il fallait de nouveau changer ses pesos argentins contre du dollar pour constater que l’on récupérait presque autant de dollars qu’à l’arrivé dans le pays (entre 4000 et 5000 dollars). Le tout en ayant dormi à l’hôtel et mangé au restaurant tous les jours.
Même si cette situation peut sembler une solution miracle, il faut toujours se rappeler que lorsque l’on réalise une transaction favorable, il y a toujours en face un autre acteur économique qui lui s’appauvrit. En l’occurrence un état ou tout simplement un particulier qui essaye d’acheter des dollars US à n’importe quel prix pour se protéger de la dévaluation partielle ou totale des billets de banque qu’il a dans les mains.
Les conséquences de la faillite d’une monnaie
La fragilité du dollar argentin (ARS) aura des répercutions en 2023 avec l’élection d’un candidat qui promettait l’abrogation de la monnaie locale pour la remplacer par le dollar américain.