On ne sait pas pour combien de temps on pourra encore admirer les colonnes Morris. Ces colonnes vertes qui font partie du mobilier urbain parisien depuis la fin du XIX ème siècle. À cette période de l’histoire, les capitales européennes sont confrontées à l’affichage sauvage dû à l’apparition d’une vie nocturne et culturelle plus intense.
Les colonnes Morris
C’est à Berlin en 1845 qu’une solution est trouvée face à l’affichage sauvage (et gratuit). Un allemand propose d’installer un peu partout des colonnes où il est possible de coller gratuitement des affiches. Cet homme n’est autre qu’un imprimeur berlinois Ernst Littass. Le modèle des colonnes de l’imprimeur allemand s’exporteront assez bien dans le monde entier. On en retrouve par exemple à San Francisco.
L’arrivée des colonnes publicitaires à Paris
Le Baron Haussmann de passage à Berlin aurait aperçu ces fameuses colonnes et c’est à ce titre qu’en 1856 les premières colonnes publicitaires seront installées à Paris.
On leur donna assez rapidement le nom de « colonne Morris« . C’était le nom de l’imprimeur qui proposa d’installer des colonnes entièrement dédiée à l’affichage. En effet, à l’origine, les colonnes parisiennes se trouvaient au-dessus des urinoirs publics. L’imprimeur Gabriel Morris proposa donc de supprimer l’urinoir qui se trouvait en-dessous. Celui-ci ayant remarqué que l’odeur pestilentielle des urinoirs repoussaient les passants. À titre expérimental le préfet de police de Paris proposa à l’imprimeur français d’installer quelques exemplaires sur les grands boulevards. Le succès fut immédiat et dans la foulée la mairie de Paris proposa à l’inventeur d’en équiper toute la ville. Elle donna même pendant un temps le monopole a Gabriel Morris.
A Paris leur nombre montera jusqu’à plus de 770. Au cours de leur histoire leur forme changera plusieurs fois. Aujourd’hui les colonnes ne sont plus des lieux d’affichages gratuits mais des colonnes publicitaires payantes comme des panneaux publicitaires de type 4 part 3.
Les colonnes Morris et la symbolique parisienne
A Paris, ville lumière, de fêtes d’art et de spectacles, les colonnes Morris représentaient la partie visible de l’activité culturelle de la ville. Il faudra attendre 2006 pour que les polémiques commencent à pointer le bout de leur nez.
Ces tubes cylindriques étaient un peu trop encombrant pour le maire de l’époque Bertrand Delanoë. Déjà la préoccupation de rendre Paris encore plus beau était dans les esprits de tous les élus de la capitale. Embellir la ville à tout prix, tout en déconstruisant le passé pour s’ouvrir à l’avenir. Bref vous connaissez mieux que nous l’allégorie verbale qui touchent certains de nos hommes politiques.
En 2006 environ 220 colonnes furent supprimées. Officiellement il s’agissait de désencombrer les rues de Paris. Mais pour répondre à l’inquiétude des milieux de la culture on proposa de nouvelles colonnes appelées les colonnes Wilmotte. Des colonnes grises sans grand intérêt.
Puis le deuxième coup d’arrêt des colonnes Morris fut en 2019. Les 550 colonnes Morris restantes furent remplacées par des colonnes plus modernes toujours vertes mais sous verre, interdisant ainsi tout affichage sauvage.