Aujourd’hui le parc des Buttes Chaumont est un des espaces verts les plus prisés du nord de la capitale. Néanmoins ce lieu au passé trouble n’est pas un lieu aussi idyllique qu’il n’y paraît.
Retour sur les zones d’ombre des Buttes Chaumont
Un cimetière à ciel ouvert
En 1814, pendant la bataille de Paris, c’est ici que se dérouleront une partie des combats. Tout commence le 30 mars 1814. Les Prusses, les russes et les autrichiens se sont alliés et se retrouvent aux portes de Paris. Napoléon est sur le reculoir et la chute de Paris est proche. Des milliers de soldats sont disposés entre Vincennes et Clichy. Les combats seront terribles et la bataille se soldera pas la défaite. Les dépouilles d’une grande partie des soldats français auraient été stockées sur les terrains vagues des Buttes Chaumont.
Napoléon III l’inventeur du Parc des Buttes Chaumont
En 1859, les carrières de gypse désaffectées sont devenues avec le temps une décharge. Cet immense terrains seront annexées par la ville de Paris (Via une loi). On y dessine un jardin à l’anglaise. Un grand parc qui sera inauguré le 13 avril 1867, l’année de l’Exposition Universelle. L’idée était de créer un immense jardin publique un peu comme on peut en voir à Londres. Tout semblait partir sur de bonnes bases.
Les 300 communards fusillés, 1871
Lorsque la révolte de la Commune est matée, il reste deux poches de résistance. L’une se trouve au Père Lachaise et l’autre au Buttes Chaumont. Certes ces lieux vallonés permettent une position défensive relativement correcte, mais le temps va jouer contre les communards. Les Versaillais harcelaient et bombardaient les fédérés à l’aide des canons de Montmartre. Puis peu à peu les forces armées commencèrent à encercler les derniers bastions. Pour consolider leur position et éliminer toute résistance fusse-t-elle passive, les Versaillais fusillent à tour de bras. On estimerait à 17 000 personnes le nombre de fédérés (communards) qui ont été exécutés.
La semaine sanglante se terminera par l’exécution de 500 personnes au Père Lachaise et 300 personnes aux Buttes Chaumont. (les dernières poches de résistance ndlr) Mais l’horreur de s’arrêta pas là. Les soldats ayant participé au massacre des Buttes Chaumont décidèrent de jeter les cadavres dans le lac. Résultat 300 cadavres putréfiés flottaient à la surface en dégageant une odeur pestilentielle.
La fin du XIX ème siècle et le Romantisme
1896, c’est aussi l’année ou le Romantisme fait des ravages puisque l’on comptera 29 suicidés pour cette seule année. La petite passerelle qui offre une jolie vue sur les reliefs du parc sera ainsi rebaptisée « le pont des suicidés ». Plus récemment, en 2016, la presse parisienne relevait malheureusement le suicide d’un jeune homme de vingt ans depuis le belvédère du parc.
Un parc public pas si tranquille
Un parc entre balades dominicales et tragédies
Le temps passe mais les tragédies demeurent. Le 30 janvier 2023 un père de famille étrangle sa femme à Montreuil. Pour se débarrasser du corps il lui vient l’idée de découper le cadavre de sa défunte épouse. Puis n’ayant pas de voiture il décida de prendre le bus avec un petit chariot pour aller disperser le corps de sa femme dans un parc parisien qu’il « aimait bien ». Les sacs seront retrouvés dans la première quinzaine du mois de février et les enquêteurs n’auront aucun mal à remonter jusqu’à l’auteur des faits.
Autre affaire catastrophique, à deux pas des Buttes Chaumont le cadavre d’une jeune adolescente âgée de douze ans était retrouvé dans une valise, rue Manin.
Des glissements de terrain
Le cauchemar des Buttes Chaumont persiste avec des sols assez instables. Il n’est pas rare de voir des bâtiments fissurés ou renforcés. Notamment du côté de la butte Bergère. Du côté du parc les risques d’effondrement et de glissement de terrain sont également bien réels. Le parc fut d’ailleurs fermé quelques temps pour cette raison en 2021. En effet le gypse est très friable et les galeries peuvent s’affaisser ou s’écrouler avec le temps et provoquer des désordres assez terribles.