Le nom officiel de l’un des lieux les plus méconnus et les moins entretenus de la capitale n’est autre que le jardin d’agronomie tropicale de Paris – René Dumont. Il faut dire que ce jardin parisien est situé à l’extrémité du bois de Vincennes est limitrophe de la commune de Nogent sur Marne. On y accède donc par le RER A ou les bus 210 et 114 depuis la station de métro Château de Vincennes.
Ce parc parisien situé aux confins du bois de Vincennes s’étend sur 4,5 hectares. Ce lieu à longtemps été la propriété de l’état et il a donc été entretenu avec le budget d’un site forestier. Le premier pas vers la normalisation de ce site parisien a donc été le rachat par la Mairie de Paris en 2003.
L’histoire du Jardin René Dumont
1899, La période du jardin d’essai
En 1899 une décision est prise pour installer dans l’Est du bois de Vincennes un jardin botanique. C’est donc dans ce lieu que des scientifiques sélectionneront les plants de caféiers, de cacaoyers ou de bananiers pour être ensuite cultivés sous les serres.
Ensuite les espèces les plus prometteuses sont envoyées par bateaux à travers tout l’empire colonial français. Ces expéditions de plantes sont rendues possibles grâce à une invention, la caisse Ward. On doit cette invention à Nathaniel Ward qui conçut en 1833 une caisse étanche qui permettait de faire voyager toutes sortes de plantes sur de très longues distances et ce pendant des mois. Ce fût donc un tournant dans l’agronomie qui permis de réaliser de grandes évolutions dans le domaine de l’agriculture.
Les serres abandonnées du jardin René Dumont
1902, Le jardin devient une école d’agriculture
Au tout début du XX ème siècle, le jardin évolue pour devenir un lieu de formation. L’école nationale supérieure d’agriculture coloniale est donc créée en 1902. C’est donc ici que seront formés les cadres de l’administration qui auront en charge la supervision des services agricoles.
En 1921 le jardin et l’école fusionne pour devenir l’institut National d’Agronomie coloniale. En 1934 cet établissement devient l’institut national d’agronomie de la France d’Outre-Mer avant d’être remplacé par l’Institut de recherches agronomiques tropicales. C’est à partir de cette période que des bâtiments seront construits progressivement sur le site du jardin d’Agronomie Tropicale de Paris.
1907 l’exposition coloniale
Pendant une période de six mois aura lieu une exposition coloniale. Pour cette occasion une grande arche chinoise est installée. Un village « indochinois » est construit, à côté on trouvera même une petite rizière ainsi qu’une ferme soudanaise. Il y aura également un campement touareg et quelques huttes canaques seront également installées.
Pour la Tunisie et Madagascar, la décision est prise de faire construire deux grands pavillons qui seront l’occasion de vendre des produits artisanaux pendant l’évènement.
La promesse de l’exposition est de proposer un tour du monde à deux pas de Paris. Mais avec le recul certains estiment que la démarche était franchement maladroite.
Des bâtiments de l’exposition coloniale il ne reste presque rien. La plupart d’entre eux ont été détruits. Et la grande maison de la Cochinchine a été entièrement ravagée par un incendie en 1984.
1914, l’épisode de la guerre mondiale et de l’hôpital militaire
Avec la première guerre mondiale de nombreux combattants étrangers sont engagés sur le théâtre des opérations. Il s’agit d’accueillir les blessés des troupes coloniales. Africains, cambodgiens et malgaches se retrouvent ici pour être soignés.
En hommage à tous les morts pour la France quelques stèles ont été installées. Et des cérémonies commémoratives se déroulent à l’occasion des dates anniversaires.
Le jardin Tropical de Paris est donc un lieu de mémoire, c’est pour cette raison que les jeux de ballons, la pratique des sports en général y sont interdits.
C’est également au JTP que sera installée une mosquée éphémère en 1916. Elle sera ensuite fermée en 1919 puis remplacée par la grande mosquée de Paris, dans le cinquième arrondissement de Paris.
1984 – 2009 le Jardin tropical se tourne vers le développement durable
Après de longues années d’errance ce lieu reprend de nouveau vie avec la création du CIRAD en 1984. Un établissement public regroupe tous les instituts d’agronomie tropicale. La CIRAD œuvre désormais pour la prospective et la politique agricole autour du développement durable. Vaste projet.
Concernant la partie du jardin accessible (2015- 2022) il faut bien reconnaître que le lieu est littéralement laissé à l’abandon. Des bâtiments se sont d’ailleurs écroulés ou sont balisés et fermés au public car dangereux.
Adresse : 45 avenue de la Belle Gabrielle, 75012 Paris (voie limitrophe avec la commune de Nogent sur Marne)
Crédits photos: Yann Vernerie