Le dramatique naufrage d’Alain Bombard à Étel

Alain Bombard, est une personalité incontournable du monde de la navigation. Un homme qui aura eut la particularité d’être à la fois admirateur et acteur dans son domaine de prédilection. Très vite il comprend que les naufragés en mer périssent plus vite qu’à terre. Pour lui la raison est simple, lorsqu’une personne se retrouve en mer en situation de détresse elle rentre dans un état de choc et la mort arrive alors très rapidement. Pour lui il faut redonner espoir aux marins naufragés. C’est en suivant cette réflexion qu’il traverse l’Océan Atlantique sur un radeau de fortune. Il en sortira un livre en 1953 « Naufragé volontaire ». Un livre qui sera auréolé d’un succès non négligeable. Mais quelques années après Alain Bombard ira encore plus loin. Il décida de s’allier avec un constructeur de radeau de survie, l’Angevinière. Puis il tenta de défier les éléménts. Et c’est sans doute à ce moment là que le naufrage d’Etel a pris forme. « Sortez de votre zone de confort qu’ils disaient. »

La barre d'Étel un jour de grand calme en été
La barre d’Étel un jour de grand calme en été

Et Alain Bombard s’attaqua à la barre d’Étel

Fort de son succès dans la traversée de l’Atlantique entre l’Archipel des Canaries et l’île de la Barbade, le Docteur Alain Bombard décida de se lancer à l’assaut de la barre d’Étel. Pour les néophytes, la barre d’Etel c’est un immense banc de sable qui bouche l’entrée du port. Et le sable est présent en quantité impressionante. La cause provient de la ria d’Étel qui charie des sédiments. Ce sont donc les banc de sable qui transforment la houle venant du large en vagues. Cette particularité locale qui est amplifiée avec la présence de grandes plages à proximité et qui assurent à la nature un approvisionnement en sable permanent. D’autre par le phénomène des marées qui est propre au littoral breton ne fait qu’amplifier le phénomène.

Le 18 aôut 1958 Alain Bombard lance donc « son radeau de survie » sur la barre d’Étel. Les conditions sont estivales et le test n’impressionne pas grand monde. À cette occasion, Alain Bombard promet de revenir un jour où les conditions seront plus musclées.

La terrible catastophe du 3 octobre 1958 minute par minute

C’est le vendredi 3 octobre 1958 qu’aura lieu la seconde tentative. Ce jour là le vent est assez soutenu. Un vent de sud, de force 5 à 6, souffle sur la barre.  Mais un fait est plus gênant, au moment où Bombard décide d’attaquer la barre, la marée est en train de descendre. Le courant est donc contre les vagues. Et cela ne fait qu’amplifier la dangerosité des vagues en augmentant sensiblement leur puissance.

C’est donc dans ces conditions dantesques que huit hommes dont Alain Bombard se lancent à l’assaut des rouleaux de la barres d’Étel. Et ce qui devait arriver arriva. À la première vague le radeau de survie se retourna « comme une crêpe ». Alain Bombard se retrouva même à être explusé de l’embarcation en premier. C’est dans ce contexte que fut lancé le canot de la SNSM avec sept sauveteurs à bord. Ce canot qui porte le nom de vice-Amiral Schwerer II, va donc intervenir sur zone pour essayer de récupérer ces 8 naufragés volontaires. La première partie de l’intervention des bénévoles sauveteurs de la SNSM est couronnée de succès. Le navire de sauvetage parviendra même à récupérer 5 hommes. Mais deux marins manquent encore à l’appel. Le capitaine du canot continue donc inlassablement à ratisser la zone et ce jusqu’à une avarie sur l’hélice de son canot.

L’instant où tout a basculé

En effet une aussière (cordage NDLR) qui trainaît dans l’eau se prit dans l’hélice du canot. Et à partir de ce moment là tout va se passer très vite. En l’absence de moteur, le barreur ne peut plus maintenir l’étrave du canot de la SNSM face aux vagues. Très vite l’embarcation se mis en travers. La suite ce sera un deuxième chavirage inéluctable. Il y a donc maintenant deux embarquations qui sont retournées sur la barre d’Étel et autant d’homme à la mer soit 15 hommes. Les 7 du canot de la SNSM ainsi que les 8 du radeau de survie.

Il faudra donc l’intervention du remoqueur « Ville d’Etel » pour intevernir sur la zone. Mais c’est déjà trop tard. Des corps flottent à la surface. Et le canot de la SNSM se trouve déjà à proximité de la plage.

Alain Bombard est-il responsable ?

Finalement le naufrage du radeau de survie d’Alain Bombard, aura coûté la vie à 9 personnes. Le Docteur Alain Bombard s’en sortira indemne et il sera également blanchi par la justice. Néanmoins à Etel, on ne voudra plus jamais entendre parler d’un homme qui ne connaissait pas la mer et qui voulu un jour faire sa publicité pour un radeau de survie dans un endroit très dangereux. Le tout sur le dos des habitants d’Étel. Le principal intéressé déclarera « je reconnais mon imprudence ». Source: le journal Le Monde du 6 octobre 1958.

Alain Bombard était de bonne foi, il avait traversé l’Atlantique d’Est en Ouest sur un canot pneumatique. Sa seule imprudence ou erreur est d’avoir confonfu la houle qui déferle au large avec les brisants qui roulent le long des côtes. Et sur la côte, comme sur les hauts fonds rien ne peut arrêter une vague qui se brise.

Malgré cette amande honnorable de la part du Docteur, la rancoeur restera de mise. Surtout qu’à Étel tous les marins savent pertinement que l’on ne doit jamais affronter la barre de l’intérieur. En effet les vagues forment une sorte de muraille infranchissable. Lorsque la barre est grosse on peut éventuellement espérer rejoindre le port depuis la mer mais la franchir demeure une entreprise très dangereuse à l’issue incertaine, surtout en 1958.

le livre d'Alain Bombard Naufragé volontaire
le livre d’Alain Bombard Naufragé volontaire