Depuis quelques temps déjà certains sites spécialisés dans les rumeurs et le articles racoleurs, nous expliquent que la mer est dangereuse. « Si vous voyez des vagues carrées sortez de l’eau ». Déjà en mer les vagues carrées ça n’existe pas, on parle plutôt de mer croisée. Et les mers croisées sont plutôt assez rares sur le littoral métropolitain. Car pour rencontrer ce genre de phénomène il faut être plutôt être du genre aventurier ou s’engager sur des courses à la voile autour du monde. Car on recontre les vagues carrées généralement au niveau des caps qui séparent deux océans.
Toute la vérité sur les vagues carrées
Les vagues croisées ne sont pas dangereuses
Les vagues ne sont jamais très dangereuses tant qu’elles font moins d’un mètre. Donc avant de s’intéresser à des phénomènes et autres cas particuliers il est bon de se dire que plus les vagues sont hautes et plus il y a de courant. Et oui car lorsque la vague a fini sa course sur le rivage elle repart vers la mer tout simplement. Et cela ne se voit pas car l’eau arrive sur la plage en forme d’ondulation (oui c’est une vague) et elle repart sous forme de courant vers « le large ». Les sauveteurs appellent ce phénomène le courant d’arrachement.
Donc plus les vagues sont hautes et plus le courant est fort. D’ailleurs si vous constatez des trous dans le sable lorsque vous vous baignez ou lorsque vous marchez à marée basse, il faut faire alors très attention à ne pas nager trop loin. Car les trous dans le sable proviennent tout simplement de masses d’eau en mouvement. C’est donc le courant qui a été crée par les vagues qui en repartant vers le « large » qui creuse le sol sablonneux.
Le danger, ce sont les grosses vagues !
Donc que les vagues arrivent sur le littoral de façon croisées ou qu’elles soient linéaires, le plus important c’est d’être attentif à leur hauteur et à leur force. Sans oublier de bien regarder l’horaire des marées. Car se baigner dans une mer agitée lorsque la mer baisse est dangereux. Le seul danger c’est la hauteur de la vague et sa puissance un point c’est tout.
Toutes les vagues n’ont pas la même taille et toutes les vagues n’ont pas la même puissance. Jusqu’à un mètre, le plus important est de toujours rester à un endroit où l’on a pied. A plus d’un mètre il vaut mieux rester sur le rivage et se mettre en quête d’une plage plus protégée. Et lorsque l’on se trouve confronter à une vague qui casse, il faut avoir le réflexe de passer sous la vague en faisant le bouchon.
Nous avons vu plus haut dans cet article que le problème provient essentiellement du courant causé par les vagues. Donc le fait qu’elles arrivent sous une forme géométrique particulière, n’est pas forcément un souci. Car le problème avec les vagues c’est avant tout leur taille, parfois leur fréquence et surtout les courants d’arrachement qu’elles provoquent.
Le principe de mer croisée, pour l’observer, c’est généralement au large qu’il faut aller
Pour que des vagues se croisent il faut que deux houles arrivent de deux directions différentes. Il faut être en mer et de préférence sur une zone de rencontre entre deux océans ou deux mers. Le Cap Horn, le Cap de Bonne Espérance et l’océan Indien offrent par moment de belles mers croisées. Tous ces endroits sont considérés comme étant les mers les plus dangereuses de la planète.
Le problème c’est donc lorsque deux houles arrivent de directions différentes et qu’elles se rencontrent soudainement (au niveau d’un cap). Mais en temps normal les houles (les vagues) ont toujours tendance à s’agréger et à aller ensemble dans une nouvelle direction.
Les photos utilisées pour illustrer ce grave phénomène sont généralement des photos prise au pied du phare de l’île de Ré. C’est à dire loin des côtes. De mémoire de marins je n’ai jamais vu quelqu’un se baigner en pleine mer. Hormis quelques plaisanciers des jours sans vent.
Les vagues carrées analyse d’un Hoax
Jouer sur la similitude avec les Tsunamis
Lorsque vous avez été hameçonnés par l’histoire des vagues carrés et le titre aguicheur, le risque décrit dans l’article n’est pas flagrant. Et pour cause, l’idée était de jouer sur de vagues souvenirs ou de la tragédie qui toucha l’Asie du Sud-Est en décembre 2004. Avant un tsunami, l’eau se retire sur plusieurs dizaines de mètres. C’est en fait un phénomène de marée basse qui intervient parfois juste après un tremblement de terre et juste avant le raz de marée.
Ceux qui évoquent la dangerosité des vagues carrées laissent entendre que ce phénomène est le signe de quelque chose de bien plus terrible. Alors qu’une mer croisée reste une mer croisée. Et les vagues carrées commencent à poser un problème à partir de 4 ou 5 mètres de hauteur. Et surtout le phénomène s’aggrave lorsque ces mêmes vagues vont commencer à déferler.
L’utilisation de l’impératif « Sortez de l’eau »
Ce qui est intéressant avec le titre c’est qu’il fait appel plutôt à notre cerveau reptilien. On est dans le domaine de l’injonction. Sortez de là, cliquez sur ça et ça marche dans la plupart des cas. Car en réalité, lorsque l’on se baigne c’est en été et la taille des vagues est dans la plupart des cas raisonnables. En France on enregistre malheureusement beaucoup de cap de noyade dans les rivières et dans les lacs. Peu importe l’état de la surface de l’eau, lorsque l’on ne connaît pas une zone de baignade, il vaut mieux rester là où on a pied.
L’amplification du contenu
Sur internet, il y a tellement de contenu qu’il faut parfois passer par des biais détournés pour être lu. En passant par des réseaux sociaux où en achetant des emplacements publicitaires sur des sites.
Donc une fois que vous avez le titre, la collusion avec le phénomène du tsunami qui est plus ou moins ancré dans les mémoires, alors il suffit de diffuser le lien le plus possible, pour faire des vues. Voilà pourquoi il n’y a pas de quoi avoir peur des « vagues carrées » ou des « mers croisées ».
crédits photos: Yann VE
dernière mise à jour: 1 er août 2020