La Terre de Feu fait partie de ces endroits légendaires dont on entend parler depuis toujours. Et si cette région du globe est si particulière c’est surtout parce que c’est l’une des plus dangereuses du monde. Un lieu unique au monde car c’est ici que se trouve le Cap Horn. Ce cap est vraiment en lieu à part et certains n’hésitent pas à qualifier ce lieu comme le plus grand cimetière de marins. Naviguer en Terre de Feu n’est donc pas anodin. Entre les glaciers et les fjords du bout du monde, se déroule une navigation aussi incroyable qu’inoubliable.
Le grand départ depuis Punta Arenas
Lorsque l’on souhaite naviguer en Terre de Feu, tout démarre par un embarquement à Punta Arenas. Une ville chilienne assez intrigante qui se trouve sur le bord du Canal de Magellan. Cette ville portuaire semble assez insipide au premier abord. Mais plus on passe du temps à Punta Arenas et plus on comprend que le temps finira inlassablement par manquer. Cette ville vallonée semble impassible et pourtant Punta Arenas est le point de départ de nombreuses expéditions vers la Patagonie Chilienne et l’Antarctique.
Il existe cependant une compagnie chilienne qui est spécialisée dans ce type d’expéditions et il s’agit d’Australis. Une compagnie chilienne qui possède deux bateaux spécialement équipés pour naviguer et explorer la Terre de Feu. Autre point non négligeable, pour pouvoir mettre pied à terre il faut arborer un pavillon chilien. C’est d’ailleurs pour cela qu’Australis est la seule compagnie à proposer des expéditions à terre comme en mer sur cette zone que l’on appelle également la Patagonie Chilienne Antarctique.
D’autre part lors de ses navigations Australis procède à de nombreuses observations et enregistrements pour les scientifiques.
Terre de Feu et terre de glaciers
Lorsque l’on quitte Punta Arenas et que l’on s’élance dans le détroit de Magellan on est très vite saisi par l’immensité du détroit. Et puis presque simultanément on ne peut s’empêcher de penser à ces premiers hommes qui firent le tour du monde. Des hommes qui risquaient vraiment leur vie et dont les chances de revenir vivant étaient réellement minces.
Aujourd’hui, sur le Stella Australis, ils sont peu à pouvoir s’imaginer les conditions dantesques que devait affronter les marins d’il y a cinq siècles. La nuit tombe petit à petit et le navire entre dans la nuit puis serpente entre les hauts-fonds, les caps et les phares et balises de la Terre de Feu. Un moment magique.
Départ de Punta Arenas, navigation de nuit vers la baie d’Ainsworth et les îlots Tuckers (jour 1 & 2)
Le glacier Marinelli, la forêt de Magellan dans la baie d’Ainsworth
L’arrivée dans la baie d’Ainsworth est juste magnifique, une grande baie et des montagnes qui viennent s’enfoncer dans les eaux calmes des fjords de Patagonie. La baie d’Ainsworth est l’un de ces endroits au monde où l’on peut observer la nature qui est apparue suite à la fonte des glaces. C’est l’occasion également de découvrir la forêt de Magellan, une nature surprenante aux couleurs parfois étonnantes. Les régions polaires ont cette magie que l’on ne retrouve nul part ailleurs. Et dans les lointains l’immense glacier Marinelli nous rappelle que l’hiver sera bientôt de retour.
Les îlots Turkers et l’observation des manchots et des oiseaux
C’est sur quelques rochers perdu au milieu d’un fjord que l’on a la chance de pouvoir observer la vie. On y approche en canot pneumatique en gardant suffisamment de distance avec les oiseaux. Une eau qui avoisine les 8 degrés et des pluies qui s’abattent au même rythme que les sautes de vent. C’est cela qui vous attend lorsque l’on souhaite naviguer en Terre de Feu.
Le glacier Pia et les fjords glacés (jour 3)
A la découverte de l’un des plus beaux glaciers du monde
C’est sans doute l’un des spectacles les plus uniques et les plus formidables au monde. Le Glacier Pia est une énorme rivière de glace qui vient mourir dans un fjord chilien. Celui-ci est d’une couleur verdâtre, car l’eau du fjord est chargée en sédiments.
Le fjord des glaciers
Après la longue exploration du glacier Pia, il est temps de prendre la direction du Cap Horn, le point d’orgue du voyage. Pour ce faire le bateau emprunte donc l’avenue des glaciers. Un splendide fjord qui porte malheureusement le nom d’un centre commercial. Mais cela n’a aucune espèce d’importance puisque ce lieu est assez incroyable.
Le Cap Horn et les terres du bout du monde
Un cap mythique et un lieu tragique (jour 4 & 5)
Cap Horn, le bout du monde
Tout commence dans le petit matin blême la houle, les vagues et le vent. Une île est là impassible, surmonté d’un phare et de quelques antennes, le Cap Horn est là. Si proche que l’on pourrait presque le toucher. Et puis d’un coup le vent tourne et accélère, il ne sera pas possible de descendre à terre. Avec la nature il n’y a aucune compromission possible, pas d’arrangement.
Ce qu’il y a d’effrayant au Cap Horn ce sont les fonds marins qui remontent brutalement de deux milles mètres jusqu’à seulement cinq mètres de profondeur. Un relief qui remonte brutalement et qui soulève ainsi d’énormes vagues. C’est la géographie des lieux qui rend l’endroit absolument dantesque. Et puis il y a ce vent, un vent qui souffle d’Est en Ouest tout en accélérant le long de la côte chilienne. Résultat il n’est pas rare que les vents atteignent en hiver les 100 noeuds. Lors de notre passage le vent est monté à 70 noeuds avec des rafales à plus de 89 noeuds. Ce jour là, nous aurons même eu droit à une confirmation de la force du vent par la station météo chilienne.
Aucune crainte à avoir car nous nous naviguons toujours protégé entre le continent et le Cap Horn. C’est à dire que le navire est dans la baie de Nassau, un lieu qui est protégé un peu de la houle. D’autre part le vent et les courants nous repoussent inlassablement vers des fjords qui offrent une solide protection.
La baie de Wulaia
Avec la baie de Wulaia on tourne définitivement le dos à la fureur de l’Océan pour profiter la douceur de la baie de Wulaia. Un abri naturel ou le peuple des Yamanas a vécu pendant plus de 7 000 ans. Une communauté qui savait vivre en intelligence avec la nature depuis la nuit des temps. Tout d’abord malgré la position géographique, il faut savoir que les Yamanas vivaient entièrement nus. Autre point intéressant, ils ont mis au point la langue la plus élaborée connue à ce jour avec plus de 32 000 mots. Nudité et précision du langage d’un peuple méconnu, décidément ce monde regorge de secrets et de mystères.
L’arrivée à Ushuaia
Ushuaia, l’une des villes les plus emblématiques d’Argentine, est située le long du canal de Beagle. Mais c’est surtout le port qui marquera pour la fin d’une expédition polaire inoubliable.
A lire pour préparer votre navigation en Terre de Feu :
Pour préparer ou accompagner votre croisière australe, voici deux livres qui transcrivent en mots ce que l’on peut ressentir lorsque l’on navigue à des endroits si particuliers.
– « Le premier tour du monde de Magellan », d’Antonio Pigafetta, aux Editions Tallandier.
– « Parce que le Horn est là », de Miles Smeeton aux éditions Arthaud.
Partir naviguer en Terre de Feu avec Australis
L’expédition en Terre de feu
reportage réalisé en collaboration avec Australis
Australis est une compagnie maritime qui possède deux navires et qui est spécialisée dans les expéditions polaires haut de gamme en Terre de Feu.
Lors de la croisière, chaque jour des expéditions à terre sont organisées afin d’emmener les passagers au plus près des trésors naturels de la Terre de Feu. Glaciers, découverte de la faune et de la flore avec des guides et toujours dans le respect de l’éco-système avec des règles de sécurité et d’hygiènes strictes.
La compagnie Australis est la seule compagnie de navigation chilienne avec des bateaux sous pavillon chilien. Et cela à son importance, car en Patagonie antarctique chilienne seuls les passagers naviguant sur les navires chiliens ont le droit de descendre à terre pour explorer et découvrir les paysages, les forêts, la flore et les glaciers. A noter également que les deux navires d’Australis sont identiques et récents. Ils ont été spécialement conçu pour la navigation dans les fjords chiliens.
Toute la zone de la Terre de Feu est un espace protégé avec le statut de parc national. L’équipage travaille d’ailleurs en relation avec les scientifiques des instituts de recherches chiliens. De plus l’équipage est en lien permanents avec les autorités chiliennes en ce qui concerne la surveillance de cet espace naturel protégé.
La vie à bord en petit comité
Prix par personne à partir de 1 565 dollars par personne en cabine double, pour 5 jours et 4 nuits. Départs de Punta Arenas vers Ushuaia et vice-versa. le prix comprend les repas à bord, les boissons, les consommations au bar, les conférences ainsi que toutes les conférences à bord.
A noter que la capacité maximale est de 200 passagers répartis dans une petite centaine de cabines sur seulement trois étages. Au service des passagers on compte un équipage de 65 personnes qui travaillent nuit et jour à bord du bateau.
Pour plus de détails ou pour réserver votre croisière avec Australis rendez vous directement sur le site www.autralis.com, notre partenaire sans qui nous n’aurions pas pu rédiger cet article.
Remerciements: Australis, Dominique & Sokha
Crédits photos: Yann Vernerie