Into The Wild le film sur l’histoire vraie d’un aventurier raté

Un aventurier qui a raté son aventure
Into the Wild, le film d’un aventurier

Into The Wild le film ultime sur l’aventurier voyageur

Autant le dire tout de suite, Into the Wild le film, est une superbe histoire sur un aventurier des temps modernes et un film qui est vraiment à voir. Le personnage principal du film est Chris Mac Candless. Un étudiant américain qui décida juste après ses études de s’attaquer à l’Everest de l’aventure. Partir seul sans ressource pour vivre en autonomie totale en Alaska. L’occasion de fuir l’univers de la consommation et la société moderne. Mais au fur et à mesure que le film avance, on voit le personnage principal prendre une série de décisions assez aléatoires. Ses choix d’itinéraires sont toujours plus extrêmes et toujours plus radicaux. Il s’en suit un enchaînement de décisions risquées et une volonté d’aller toujours plus loin sans vraiment connaître la nature. Ce qui aura pour résultat d’effrayer le spectateur. Regarder « Into the wild » c’est un peu comme assister en direct à la scène de quelqu’un qui va se jeter dans la gueule du loup.

L’impatience, l’incompétence et des aventures ratées

Dans la même veine que le film Into the Wild, il y a eu plus récemment Gabriel et la montagne. Pour être synthétique, on pourrait résumer ces deux films de la sorte.

Into the wild, c’est l’histoire d’un mec qui part en Alaska sans réelle préparation. Un mec qui n’a pas grand chose à manger car la survie n’est pas son fort et qui se confronte à la réalité de la nature.

Gabriel et la montagne c’est l’histoire d’un mec qui part en speed faire une ascension. Et ce juste avant que son visa n’expire. Mais ce n’est pas tout. Car en fait Gabriel il est comme Chris, il ne croit pas en l’argent. Donc il part en randonnée en haute montagne avec des sandales et un pull et il finira par se mettre dans une situation intenable.

Être positif, être ouvert toujours croire à sa bonne étoile, se dire que l’impossible est réalisable c’est louable. Notre façon d’être a indéniablement un effet à 80% sur le résultat d’une aventure quelle qu’elle soit. Mais à un moment il faut une base de connaissances et de la pratique. Mais bon lorsque l’on va surfer à la tombée de la nuit sur une vague qui se trouve sous les Tropiques, il ne faut pas s’étonner de voir des requins en chasse. Même si l’on a voyagé autour du monde, se balader en Alaska n’a rien à voir avec un city trip à Buenos Aires ou une escale à New York.

L’accident de voiture de Chris Mc Candless est un brillant exemple et d’un manque évident de maîtrise. L’aventure ne souffre pas de l’erreur. Et lorsqu’on est loin de la civilisation chaque erreur se paye immédiatement. Rapprochez-vous des vrais aventuriers, ils vous expliqueront comment marche la survie.

La sœur de l’aventurier nous explique pourquoi Mac Candless a tout quitté

« Into the Wild » le film sur l’histoire vraie d’un aventurier raté sort en 2007, quelques années plus tard le film de Shean Pen est un succès total. Et c’est d’ailleurs incontestablement l’un des meilleurs films sur le voyage. Et voilà que la sœur vient comme par hasard proposer un livre pour expliquer les véritables raisons qui ont poussé son frère à partir loin sans donner de nouvelle.

Et là elle balance le soi-disant secret de famille. Donc pour faire court, tout est de la faute du père, il est manipulateur et autoritaire. Il a deux familles et donc une double vie. Pour Chris tout est de sa faute car il serait un enfant non désiré. Et il culpabilise tellement qu’il abandonne sa mère avec une personne toxique et néfaste. C’est d’ailleurs pour cela que certains observateurs avaient à l’époque déjà soulevé l’égo surdimensionné et la cruauté dont il avait fait preuve notamment envers ses proches.

L’art de la récupération et le besoin d’en passer par l’écriture

Cette histoire valait bien de faire encore un livre pour essayer de graviter autour d’un succès commercial. D’ailleurs la promotion a plutôt bien marché. Puisque Carine Mc Candless, la sœur de Chris, a même fait une interview sur ABC. Elle expliquait donc que le livre « Into the Wild » qui était sorti en 1996, permettait de comprendre que Chris avait eu une enfance difficile. Mais ce n’était pas suffisant, il fallait écrire un nouveau livre encore plus explicite au cas où des imbéciles n’aient pas compris le message.

Donc selon la sœur de l’aventurier défunt, il fallait en dire quand même un peu plus. Et bien sûr quitte à monnayer une histoire tragique. Après tout exhibitionnisme et le voyeurisme sont aussi des composantes de notre société contemporaine. Bref le pauvre Chris Mc Candless rejoint la longue liste des enfants qui ont eu une enfance difficile. On se croirait presque à la barre d’un tribunal en train d’écouter l’avocat de la défense. Et du coup avec l’enfance difficile, ça explique tout et tout devient logique. (post-scriptum : au Moyen Âge les enfants avaient vraiment une vie difficile).

Si tous ceux qui ont eu une enfance difficile se rendent en l’Alaska, cette région devrait donc être très prochainement l’un des endroits les plus densément peuplés de la planète.

L’intrigante fuite de Chris Mc Candless

L'un des meilleurs films sur le voyage
Into the wild le film- l’affiche du film

Au-delà de toute la littérature qui a pu être écrite autour de l’enfance et du parcours de Chris, ce qui intrigue c’est que tout dans son comportement indique une volonté de fuir. Dans le film il a toujours un rôle de mec sympa, souriant et ouvert. Or chaque personne à toujours une zone d’ombre, un défaut. Car malgré ses caractéristiques de champion du monde de la sociabilité, il y a une chose que Chris n’a pas bien fait, c’est qu’il a coupé les ponts avec sa famille et tous ses amis. Qu’il ne parle plus avec son père est une chose, même si ce n’est jamais très recommandé. Par contre il a laissé sa mère et sa sœur en plan, dans l’angoisse et avec quelqu’un de prétendument dangereux (le père). Quant à ses amis il les a rayé de son existence.

La fuite, oui mais de quoi ?

Ce garçon qui se présente comme le champion du monde de la débrouille, expert du voyage et de la communication a néanmoins un comportement étrange. Du moins c’est ce qui en ressort lorsque l’on s’intéresse au livre de la sœur et au livre originel de 1996.

Car ce voyageur utilise plusieurs identités différentes pour se déplacer. Il multiplie les fausses pistes un peu comme s’il avait peur d’être retrouvé. On le voit par exemple découper puis brûler ses papiers. On en arrive même à se demander s’il ne chercherait pas à brouiller les pistes au cas où il soit recherché par la police. A-t-il fait quelque chose de répréhensible pour agir de la sorte? Est-il en cavale ou alors anticipe-t-il d’éventuelles poursuites judiciaires? Cela restera une question non résolue de l’histoire.

Quelle était la réelle motivation de ce voyage initiatique en Alaska?

la piste de la pulsion de mort

C’est l’attitude nonchalante du personnage principal qui nous a mis sur la piste. Car ici tout laisse à penser qu’il y avait quelque chose de suicidaire dans sa démarche et ce dès le début de son aventure.

Certes cette vision des choses est complètement occultée par le brillant jeu d’acteur. On comprend et on partage son projet anticapitaliste. On est subjugué par le fait qu’il puisse voyager aussi facilement avec moins d’un dollar par jour. Le talent du réalisateur est de faire passer un voyage en Amérique du Nord comme étant aussi simple et aussi coûteux que d’envoyer une lettre à la poste.

Le suicide ou la folie

Mais à partir du moment où il brûle l’argent il se passe quelque chose de grave. C’est un point de non retour. Peu importe les convictions politiques de chacun. C’est ici la reconnaissance tacite qu’il sait qu’il ne reviendra pas, l’expression d’une tendance suicidaire. Car tout brûler c’est la reconnaissance même du fait qu’il ne reviendra pas et qu’il n’aura plus jamais besoin d’argent et ce même pour se faire soigner dans les dix ans à venir. Il n’a plus besoin d’argent même pour faire le chemin inverse pour prendre un café avec sa sœur adorée dans un futur plus ou moins proche. Et c’est en cela que le voyage de Chris Mc Candless est en réalité une entreprise suicidaire.

Et si par hasard on réussissait à prouver qu’il n’était pas suicidaire, On pourrait en déduire facilement que c’était juste un malade mental. Un mec hyper auto centré qui pensait pouvoir s’auto déterminer comme tant d’autres.

« Je pense donc c’est vrai et je n’écoute personne. Je traverse un fleuve en Alaska et je n’imagine même pas que le niveau du fleuve puisse varier. » 

« J’ai un livre sur les plantes comestibles, je n’ai jamais étudié la botanique, mais qu’importe j’ai la connaissance à portée de main. »

Une expérience de mort imminente

Pour un mec qui veut se reconnecter soit disant à la nature. On est presque dans le film de l’excellent Michel Houellebecq, Expérience de mort imminente. En plein été un père de famille part se réfugier dans la nature. Oui, la nature est hostile et Michel Houellebecq comprend que notre société a idéalisé tout un tas de chose comme le retour à l’état de nature.

En conclusion, Into The wild est un film très agréable à regarder et très réussi à condition de ne pas trop s’intéresser à la logique qui poussa un jeune aventurier prétentieux à tout quitter du jour au lendemain. Un film qui malgré quelques défauts est une référence incontournable sur le sujet du voyage et de l’aventure.