Voyage en train de nuit entre la Georgie et l’Arménie

Cela faisait une bonne semaine que je me trouvais en Georgie. J’avais eu le droit aux tempêtes de neige sur le bord de la mer Noire, aux chambres d’hôtel spartiates et aux appartements parfois sans eau ni électricité. Il était grand temps pour moi de changer d’air. De retour à la capitale géorgienne, je me rendais à la gare pour acheter un billet de train pour l’Arménie. Ce déplacement  constituait l’unique activité de ma journée. La grande gare centrale de Tbilissi avait pour particularité de se trouver à deux pas du grand marché, et d’être une gare et un centre commercial.

La géorgie au crépuscule après un long voyage en train de nuit
La Géorgie au crépuscule après un long voyage en train de nuit

Voisins de compartiment

Ma voisine, une suédoise d’une cinquantaine d’année qui occupait le compartiment voisin déclencha la méfiance parmi les douaniers arméniens. Il faut bien reconnaître qu’avec ses pupilles qui ne se rétractaient pas et son anglais à couper au couteau à cause d’ une diction hasardeuse elle même peut-être due à un AVC. Elle inquiétait davantage qu’elle ne rassurait. Pendant le court entretien en anglais j’apprenais qu’elle n’avait nul part où vivre à Erevan et que les douaniers voulaient contacter sa mère. Ils cherchaient à comprendre. Par mesure de précaution ils lui demandèrent son numero de telephone. Finalement ils lui délivrèrent le visa d’entrée et lorsque le train redémarra j’eu droit malgré moi à un bref échange en suédois, sans doute avec « l’ami » qui l’attendait à Erevan. Les cloisons sont relativement fines et généralement mal isolées. Mais à quoi bon isoler les compartiments entre eux lorsque le bruit des essieux et des rails est omniprésent.

Dans le couloir d'un train de nuit entre la Géorgie et l'Arménie
Dans le couloir d’un train de nuit entre la Géorgie et l’Arménie

L’autre compartiment était plus classique. Il s’agissait d’un couple de russes, dont l’homme détaillait par le menu les grands principes de la douane à sa petite amie. Ils avaient sans doute découvert eux aussi des scellés rouges posé au plafond. Je laissais la discussion se tarir, préférant me détendre et accepter le bruit plutôt que d’expliquer à ces malautru que les parois des compartiments étaient fins comme de papiers à cigarette et qu’il était grand temps de se reposer un peu. 

Un peu plus tard lorsque le russe s’allongea, je l’entendis gratter dans sa couche. Un peu à la manière d’un paysan du XVIII ème siècle qui aurait perdu un ou deux louis dans son matelas de paille.

L’épilogue du voyage entre Tbilissi et Erevan

La première classe dans un train arménien
La première classe dans un train arménien

Au petit matin, le train filait encore dans l’obscurité et dans les lointains on voyait une fine bande lumineuse défiler comme le ferait une bobine de cinéma.

Le réveil avait été brutal et matinal. À six heures du matin notre chef du wagon nous demanda de lui rendre les draps. Le voyage était déjà terminé et il fallait se résoudre à se lever et à patienter calmement sur une banquette.