Retour sur les plus grandes marées noires de l’histoire mondiale
La Guerre du Golfe, Koweit, 1991
En 1991 nous vivons une troisième tentative de la part de l’Irak pour récupérer le Koweit. Un Etat créer au début des années 30. Et tous les 30 ans il y a une guerre. L’Irak essaye tant bien que mal de remettre la main sur le Koweit. En janvier 1991 les troupes de Saddam Hussein décident de saboter les puits de pétrole du Koweit. C’est ainsi que 1 500 000 tonnes de pétrole brut finissent par se mélanger aux eaux du Golfe Persique. C’est donc en faisant la guerre que l’homme provoqua la plus grande marée noire connue à ce jour.
Deepwater Horizons, Etats-Unis, 2010
Le nom de cette plateforme pétrolière sonne comme la promesse d’un monde meilleur. « Deepwater » et vous avez tout dit. Les communicants ont beau être à l’oeuvre cela n’empêchera pas la tragédie de se nouer. Les grecs avait Icare, les américains auront « Deepwater Horizons ».
Cette plateforme américaine extrait du pétrole du fond du golfe du Mexique, à 80 kilomètres des côtes américaines. Et au final la plateforme subit une explosion tuant 11 personnes. C’est en suite une longue descente aux enfers qui s’en suivra. Car avec plus 11 000 tonnes de pétrole déversées chaque jour ce sera l’une des pires marées noires de l’histoire de l’humanité. Et au total ce seront entre 670 000 et 830 000 tonnes d’hydrocarbures qui auront été rejetés dans le Golfe du Mexique. Mais ces chiffres sont-ils fiables. Et quel est le véritable impact sur l’environnement de cette grande marée noire?
Les côtes de la Louisiane, de la Floride, de l’Alabama et du Mississippi seront touchées par l’une des plus grandes marées noires du XXI ème siècle.
Ixtoc 1, Mexique, 1979
Pour cette pollution maritime ce n’est pas un navire qui est touché mais une plateforme pétrolière. On estime à 472 000 tonnes de pétrole brut qui s’est déversée entre le mois de juin 1979 et le mois de mars 1980. C’est l’explosion de la plateforme qui déclenchera cette fuite.
La fuite aura duré près de 10 mois. Soit 300 jours où chaque jour plusieurs dizaine de milliers de litres se sont déversées dans le Golfe du Mexique. L’une des zones les plus touchées sera le littoral de la ville de Campeche. A noter que la plateforme appartenait à l‘entreprise mexicaine Permex.
Atlantic Empress & Aegean Captain, trinité et Tobago, 1979
Au large de l’île de Tobago en pleine mer des Caraïbes deux navires pétroliers vont se percuter. Trop occupés « à gérer » la tempête tropicale les deux navires grecs se percutent prennent feu et déversent 287 000 tonnes de pétrole en pleine mer.
Au-delà de la tragédie écologique, c’est également une tragédie humaine qui est en train de se jouer puisque 26 marins périront en mer lors de l’une des plus grandes marées noires du XX ème siècle.
ABT Summer, Libéria, 1991
Dans le silence médiatique le plus total, un navire pétrolier coule au large de l’Angola. Nous sommes le 28 mai 1991 et ce navire battant pavillon Libérien coule en pleine mer à quelque 1 300 kilomètres des côtes. Avec ce naufrage ce sera 260 000 tonnes de brut qui seront dispersées dans les eaux de l’océan Atlantique.
El Castillo de Bellver, Afrique du Sud, 1983
Concernant les plus grandes marées noires de l’histoire la liste ne fait que malheureusement de commencer. En 1983, un navire prend feu au large de l’Afrique du Sud. On le sait l’incendie est la pire des choses qui puisse arriver en mer à un navire. Sauf que dans ce cas là cet incendie ne touche pas n’importe lequel des navires. En effet le cargo en question est un super tanker qui prend feu et qui commence à dériver dangereusement vers les côtes.
Finalement le navire battant pavillon espagnol se brise en deux et il inondera les côtes sud-Africaines de plus de 252 000 tonnes de pétrole.
L’Amoco Cadiz, Bretagne, 1978
C’est le tout début du printemps mais quelques tempêtes parviennent encore à balayer la Bretagne. Et malheureusement l’Amoche Cadiz passe par là. Nous sommes en mars 1978 et plus de 220 000 tonnes de pétrole vont s’abattre sur les côtes du Finistère. Une tragédie qui se déroule entre Brest et Saint-Brieuc. C’est ainsi que ce navire battant pavillon libérien déverse la totalité de son chargement entre l’Océan Atlantique et la Manche. Avec ce naufrage l’Amoche Cadiz devient l’une des plus terribles et l’une des plus grandes marées noires ayant eu lieu sur terre.
The Heaven, Italie, 1991
Non loin des côtes françaises et italiennes, le « Paradis » prend feu. C’est un navire qui a été immatriculé à Chypre. Devant cette catastrophe écologique le gouvernement italien pris la décision de mettre le feu au pétrole. En effet devant les 145 000 tonnes de pétrole il était compliqué de résoudre cette crise écologique.
Les zones touchées ont été aussi bien la Côte d’Azur que la côte de Ligure et on a pu malheureusement retrouvé des traces de pétrole jusqu’à 500 mètres de profondeur.
MT Sanchi, Japon, 2018
Au tout début de l’année 2018, le MT Sanchi fait naufrage en mer de Chine orientale. A cette occasion, le 6 janvier, ce pétrolier perdra jusqu’à 136 000 tonnes de pétrole. Cette nappe pétrolière fera jusqu’à 332 kilomètres carrées. Et elle sera observée au nord du Japon le 21 janvier 2018. C’est l’une des plus grandes marées noires de la zone. A noter que le bâtiment avait un pavillon du Panama et que le propriétaire n’était autre que la National Iranien Tanker Company.
Odissey, Canada, 1988
Cette fois-ci c’est un supertanker américain qui se brise en 2 à un millier de kilomètres des côtes du Canada. Ce qui a permis d’éviter une marée noire destructrice est le fait qu’une grande partie du pétrole ait brûlé. Ce navire pétrolier transportait tout de même 132 000 tonnes de pétrole dans ses cuves.
Torrey Canyon, Angleterre, 1967
Non loin des îles Scilly, un pétrolier battant pavillon libérien s’échoue sur l’archipel des îles Sorlingue. Nous sommes le 18 mars 1967 dans le sud-ouest de l’Angleterre et pratiquement 120 000 tonnes de brut s’échappent du Torrey Canyon. Mais la véritable catastrophe écologique n’a pas encore vraiment commencé. Et c’est alors qu’une décision est prise, on va utiliser des dispersants pour dissoudre la nappe de pétrole. Ce sera catastrophique car ce dispersants sont en fait encore plus toxiques que le pétrole en lui-même.
Le bateau coule le 18 mars 1967 et les courants et les flux d’ouest entraîneront le pétrole vers Gernesey et la Bretagne (toute la côte entre Morlaix et la baie de Saint-Brieux.
Prestige, Espagne, 2002
Pour des raisons inconnues, un navire coule et perdra 77 000 tonnes de fioul lourd. Ce sera à ce titre l’une des plus grandes marées noires tant touchée l’Europe. Au final ce seront les côtes portugaises, françaises et espagnoles qui seront touchées par la pollution. En France ce sont les côtes du pays Basque et des landes qui seront les plus touchées. Mais les galettes de fioul du Prestige iront souiller également le sud de la Bretagne et la Vendée.
Chronologie du naufrage: le 12 novembre 2002 le bateau se dit victime d’une voie d’eau et il perd à cette occasion quelques 4 000 tonnes de fioul. Cette voie d’eau n’est pas liée à un choc mais elle est due à une usure mécanique de la structure. L’apogée de cette tragédie se déroulera le 19 novembre 2002 à 270 kilomètres de la Galice. Le Prestige se brise en deux déversants ainsi le reste de sa cargaison de fioul lourd dans les eaux européennes.
L’épave du Prestige se trouve à 3 500 mètres de profondeur. Construit au Japon en 1976, ce navire est immatriculé aux Bahamas.
Au niveau des propriétaires on retrouve des sociétés enregistrées au Bahamas, en Russie, au Royaume Uni et en Suisse. Ce qui laisserait à penser que le propriétaire du navire était russe avec quelques sociétés offshores.
Exxon Valdez, Alaska, 1989
Nous sommes le 24 mars 1989 et l’Alaska commence à sortir tout doucement de l’hiver. Lorsque tout à coup un pétrolier du nom de « Exxon Valdez » s’échoue sur la côte. C’est alors que ce paradis blanc devient un enfer. Plus de 37 000 tonnes de brut se déversent brutalement. Ce sera la première marée noire médiatisée à travers le monde. L’opinion publique du monde entier est choquée car ce n’est pas la première fois que cela arrive.
Erika, Bretagne, 1999
C’est le 12 décembre 1999 que l’Erika un pétrolier battant pavillon maltais coule au large des côtes du sud de la Bretagne. C’est ainsi que 30 000 tonnes de résidus de pétrole disparaissent. 10 000 tonnes se retrouveront dans l’eau de mer. Et 20 000 tonnes seront pompées dans les coques.
Pour la petite histoire il faut savoir que l’Erika avait demandé la permission de rentrer dans le port de Saint-Nazaire. Ce qui lui vaut été refusé, car le risque était de voir du fioul lourd remonter dans la Loire. Finalement cette épave flottante entrera dans une solide tempête du mois de décembre.
Les côtes des départements de Loire Atlantique et de Vendée furent alors dévastées par des nappes de résidus pétroliers. Drôle de façon de rentrer dans le XXI ème siècle.
Certains estimeront que cette marée noire a causé la mort prématurée de près de 200 000 oiseaux. Pourquoi? Et bien parce que en surface le pétrole est lisse. Les oiseaux privilégient donc les nappes de pétrole pour s’y poser. Logique la surface est lisse, c’est donc qu’il y a moins de vent à cet endroit et bingo, l’oiseau est pris au piège et ne peut plus s’envoler.
Réflexions sur l’Erika
Dans tout les cas cela valait vraiment le coup pour Total (entreprise qui déclare parfois 1 milliard de bénéfice net par mois après impôt). Où est donc l’intérêt d’affréter pour l’entreprise des rafiots pourris. Quelle part de responsabilités ont les hommes dans cette histoire? Qu’ils soient directeurs financiers, contrôleurs de gestion ou directeurs des opérations. Ne prennent-ils pas des décisions dangereuses pour l’environnement dans le seul but d’assurer une éventuelle promotion? Réduire les couts, passer un coup de rabot dans le seul but d’espérer avoir un peu d’avancement. mais cela personne ne vous en parlera.
Et quel est l’intérêt pour Malte de fournir des pavillons de complaisances pour des navires pétroliers? Une île de Méditerranée qui passe son temps à réclamer la qualité de ses côtes, la beauté de la mer. On a certes tous des contradictions et moi le premier. Mais là cela va vraiment trop loin.
Les autres marées noires majeures de l’histoire
– 5 janvier 1993, navire : Braer, pavillons: Brésil, Canada, Libéria, 86 000 tonnes de pétrole déversées.
– 12 avril 1992, navire : Katina P, pavillon : Malte, Grèce, lieu de la marée noire Maputa, Mozambique, 72 000 tonnes.
– 15 février 1996, navire : Sea Empress, pavillon : Liberia & Chypre, lieu de la marée noire : Pays de Galles – 200 kilomètre de côtes touchées, 73 000 tonnes.
– 3 décembre 1992, navire Agean Sea, pavillon grec, La Corogne en Espagne, 300 kilomètres de côtes touchées, 74 000 tonnes de pétrole déversées.
Pour aller plus loin sur les marées noires
Les marées noires que nous avons cités au-dessus ont été digérées en partie par la nature. Devant l’immensité des éléments l’homme se dit qu’après tout ce n’est que 0,0001% de saleté dans 99,9999% de mer limpide et propre.
Avec le raisonnement à la marge on finit par tout relativiser. Rien est grave et personne n’est responsable. D’ailleurs il n’y a pas de préjudice car l’Océan n’appartient à personne. De temps en temps on saupoudre de quelques milliards des côtes souillées. A condition bien sûr qu’il s’agisse de la France ou des Etats Unis. Et encore. A-t-on vraiment envie de voir des fleurons nationaux mis en difficultés par une amende record? Des emplois sont en jeu et la concurrence n’attend justement que cela.
Des bombes écologiques à retardement
Passons car le sujet n’est plus là. Car aujourd’hui les scientifiques se posent la question des prochaines marées noires. Personne ne s’inquiète du futur. Pour cela les gardes côtes et les Etats sont à la manoeuvre. Non ce qui inquiète le plus les écologistes et les scientifiques ce sont tous simplement les navires qui ont coulé avec les soutes et leurs réservoirs plein de carburant. Le fioul, pétrole ou carburant ne se sont pas encore échappés des cuves. Et la corrosion peut faire lâcher ses bombes écologiques immergées à n’importe quel moment.
Le dégazage sauvage, peut-être la plus grande marée noire jamais vue
Lorsque j’étais enfant mon grand-père me parlais des cargos qui profitaient des tempêtes pour nettoyer leurs cuves. Ce qu’il dénonçait n’était à l’époque qu’une certitude de marin mais ne reposait sur aucun élément tangible. Hormis quelques galettes de fioul sur les plages. Mais aujourd’hui la très sérieuse association de défense de l’environnement le WWF a émis la possibilité que ce dégazage sauvage puisse représenter 4,5 millions de tonnes d’hydrocarbures déversés tous les ans.
Il faut en parler, n’hésitez pas à partager ou à laisser un commentaire. Car dans nos sociétés modernes, si nous n’en parlons pas, ça n’existe pas.
« Nous dansons au bord du précipice et la musique n’est pas prête de s’arrêter. »