Le tragique destin de Manureva (ex – Pen Duick IV)

Le Pen Puick IV est le voilier quatrième du nom. Racheté par Alain Colas, un ancien professeur un peu idéaliste qui rebaptisera ce voilier Manureva. Ce multicoque en acier est fiable et robuste

Manureva ou Pen Duick IV un navire sombré coprs et âmes
Manureva ou Pen Duick IV un navire qui a sombré corps et âmes

La naissance d’un multicoque performant

Lorsque Pen Duick IV est mis à l’eau, les records tombent. Ce multicoque en alliage est assez étrange est surnommée la pieuvre géante. Mais comment Eric Tabarly a pu imaginer un tel bateau?

Alors qu’il effectuait un convoyage sur un trimaran avec l’architecte Dereck Kelsall, il comprend l’avantage de ce type de voilier. Pour financer le voilier, Eric Tabarly vend les droits des interviews à venir à Paris Match et à RTL (radio Luxembourg).

Dès la mise à l’eau, Eric Tabarly est convaincu de la réussite de son voilier. En effet lors des essais Pen Duick 4 se montre jusqu’à deux fois plus rapide que Pen Duick 3.

Des débuts compliqués

La mise à l’eau du navire à lieu le 11 mai 1968. Il sort en mer la première fois le 15 mai. Mais le vrai problème c’est que l’Ostar, la course qu’Eric Tabarly a remporté en 1964 à bord de Pen Duick 2 part le 1er juin.

En quinze jours, il lui sera malheureusement très difficile de faire les réglages qui s’imposent sur ce type de multicoque qui est en plus un prototype. Contre toute attente Eric Tabarly réussira donc à prendre le départ. Mais dans la nuit du 1er au 2 juin, il heurte un cargo. Il revient donc à Plymouth pour faire réparer son voilier. Il repart après quatre jours de réparation. Puis lors de son nouveau départ c’est le pilote automatique qui tombera en panne, il revient à Plymouth pour le faire réparer. En repartant, le pilote automatique lâche de nouveau. Eric Tabarly décide donc d’abandonner.

Après cet abandon, Pen Duick IV retourne dans les chantiers La Perrière pour être réparée.

Eric Tabarly s’inscrit pour une nouvelle course, le Crystal Trophy. Malheureusement il connaît de nouvelles fortunes de mer. Le mât d’artimon démâte et le mât à l’avant subit un cintrage. De tous les Pen Duick ce voiler sera celui qui aura causé le plus de problèmes à Eric Tabarly.

Les records de Pen Duick IV

Les courses n’ayant pas réussi à ce multicoques révolutionnaire, son skipper décide de l’emmener aux Etat-Unis pour le vendre. Pour ce faire, il embarque avec lui son fidèle second, Olivier de Kersauson et Alain Colas. Lors de la traversée les trois compères sont obligés de s’arrêter sur l’archipel de Canaries. Une violente tempête balaye l’Atlantique Nord, les vents dépassent les 70 noeuds et il serait inconscient de se jeter dans la gueule du loup. Surtout lorsque l’on souhaite vendre le navire. Cette escale forcée ne l’empêchera pas d’établir un nouveau record pour la traversée de l’Atlantique soit 2 640 miles nautiques. Avec 10 jours et 11 heures, ce trimaran boucle le parcours avec une moyenne de 11 noeuds.

A la suite de la traversée Eric s’engage sur la course Los Angeles – Honolulu. Les multicoques n’étant effectivement pas acceptés sur la course. Cela n’empêche pas Eric Tabarly de « s’imposer » avec 20 heures d’avance sur le maxi-yacht Windward Passag. Et au passage il bat le record avec plus de 24 heures d’avance.

En 1969, Alain Colas décide de racheter à Eric Tabarly Pen Duick IV. A la suite de cette transaction et au vu de la fin tragique de l’histoire Eric Tabarly décidera ne ne plus jamais vendre de voilier à ses équipiers.

La disparition de Manureva

Alors que le skipper de cet (ex-Pen Duick IV) se lance dans la route du Rhum en 1978, il décide de passer en force sur la route du nord. La route la plus directe mais également la plus compliquée. En effet l’orthodromie est sur la route des dépressions qui déboulent de Terre Neuve ou d’Islande. Généralement ce sont les monocoques qui emprûntent cette route. Mais Alain Colas en a vu d’autres. D’ailleurs son baptême du feu se fera à bord de Pen Duick III, un solide ketch. A son bord il survivra à un terrible cyclone au large de la Polynésie. Mais voilà l’Atlantique Nord c’est une mer qui n’a pas forcément besoin d’un ouragan ou d’un cyclone pour être dangereuse. D’autre part un trimaran se comporte différemment qu’un  monocoque, surtout dans le très mauvais temps.

Au large de l’archipel des Açores, le comité de course perdra définitivement la trace de Manureva (ex-Pen Duick 4) et de son skipper atypique Alain Colas.

La fiche technique du Pen Duick IV (Manureva)

informations sur la coque du navire

Longueur: 20,80 mètres

largeur : 10,70 mètres (maître bau)

tirant d’eau : entre 80 centimètres et 2,40 mètres

année de construction: 1968

matériau : alliage d’aluminium (de type AG4MC)

déplacement : 8 tonnes

architecte: André Allégre

chantier naval: Chantiers et Ateliers de la Perrière (Lorient)

Voilure de Manureva (ex-Pen Duick IV)

type de gréement : ketch Marconi (deux mats et voiles avec la chute arrondie)

surface au près : 107 mètres carrés