Je n’avais jamais imaginé de pourvoir un jour naviguer sur l’Océan Arctique. En septembre 2018 et en mars 2019 j’au eu la chance par deux fois de pouvoir faire du cabotage le long de côtes norvégiennes et islandaises. En été la température de l’eau n’y excède jamais 7 ou 8 degrés et en hiver elle frôle les zéro degrés. Pas de quoi se baigner. Mais le spectacle de cette nature polaire est impressionnant.
Naviguer sur l’Océan Arctique
Alors que le bateau approche du port je me rend compte que ces falaises acérées étaient prises dans la glace il y a quelques dizaines de milliers d’années.
Aujourd’hui pour cette navigation de septembre, le temps est d’un calme olympien. Mais pour combien de temps encore.
Acte I : Navigation entre Honningsvag et Kjollefjord
Le port d’Honningsvag est niché au creux d’un fjord à quelques kilomètres à peine du Cap Nord. Le point de jonction de deux des plus grands océan de la planète. Le nord de la Norvège est bordée par la mer de Barents qui est l’une des nombreuses mer de l’Océan Arctique.
Naviguer sur l’Océan Arctique un plaisir incroyable
Seul sur le pont, avec ce soleil qui sera rasant de 15h jusqu’à 22 heures, je suis heureux. Car je sais déjà que je reviendrais ici en voilier avec quelques valeureux équipiers. La beauté des mers polaires et le l’Arctique est indescriptible. C’est le commencement du monde, le début de l’histoire, tout commence au nord et tout se finit au sud.
Acte II Navigation en hiver sur l’Océan Arctique au nord de l’Islande
C’était la fin de l’hiver, le temps était plus ou moins clément et je n’ai pas résisté à la tentation de monter à bord d’un vieux gréement pour aller traîner mes guêtres le long de quelques fjords islandais dans la région d’Husavik.
La partie nord de l’Islande est bordée par l’Océan Arctique. De passage dans ce pays du nord de l’Europe, il fallait absolument que je navigue encore une fois sur l’Océan Arctique. Malheureusement cette fois-ci je n’ai pas le budget pour louer un voilier, mais je vais pouvoir me frotter aux éléments. Nous sommes juste en dessous du cercle polaire. Je suis cette fois-ci sur le 66 ème parallèle nord. Cela veut dire que je suis à 300 kilomètres du Groenland. Innland, la banquise, un immense glaçon de 55 000 kilomètres carrés. Impensable et inimaginable.
Ici les gens de mer aiment bien se rappeler que l’espérance de vie pour un homme qui tombe à la mer se compte en minute. La température de l’océan étant de 2 degrés, on vous donne une minute d’espérance de vie par degrés. Donc avec une eau à 2 degrés l’espérance de vie tourne autour d’une quinzaine de minutes. Le plus dur c’est le choc thermique et les risques de crise cardiaque. Mais au bout d’une dizaine de minutes les muscles étant très engourdis, la personne qui est passée à la mer est alors menacée de noyade imminente.
C’est au bout de trente minutes que les choses se compliquent car la température corporelle passe en dessous des 35 degrés. C’est donc l’hypothermie. A 30 degrés le corps plonge dans le coma et à 28 degrés c’est l’arrêt cardiaque. Autant vous dire que tomber à l’eau cela équivaut presque toujours à « la peine capitale ».
crédits photos: Yann Vernerie