
Non loin de Paris se trouve un lieu hors du temps. Il s’agit du cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois. Un cimetière qui est un témoignage des affres du passé. Des exilés qui même une fois décédés ne souhaitaient ou ne pouvaient pas être enterré en URSS. Vivre l’exil au-delà de la propre mort. C’est aussi cela ce que nous enseigne la visite du cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois. L’histoire d’hommes et de femmes qui ont fuit la révolution d’octobre 1917. Plus tard des dissidents viendront grossir le rang des réfugiés et par ricoché le rang des défunts.

Le cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois
Ces hommes et ces femmes ont quitté la Russie lors de la révolution de 1917. Et très vite s’est posée la question de l’inhumation des corps. Ces exilés ne pouvaient pas vraiment retourner dans leur pays natal.

D’autres ressortissants ont fuit la menace soviétique. L’exemple de Rudolf Noureev (1938 – 1993) est à ce titre très instructive. C’est à l’occasion d’une représentation à Paris, qu’il décida purement et simplement de fausser compagnie à ses gardes. Ce danseur étoile talentueux passa à l’ouest le 16 juin 1961. Plus concrètement alors qu’il devait embarquer à bord d’un Tupolev il se précipita vers deux agent de la police aux frontières françaises pour demander l’asile politique. Excentrique, cet artiste hors du commun le fur jusqu’à la fin de sa vie. Il demanda à Ezio Frigerio un costumier décorateur de donner un aspect oriental à sa sépulture. C’est ainsi qu’un tapis de mosaïques fût érigé sur la tombe de Noureev.

Aujourd’hui une nouvelle génération de russes à de nouveau fuit le plus grand pays du monde. Pour éviter des ennuis ou tout éventuel conflit d’intérêt et parfois la mobilisation, des citoyens russes ont préféré quitter leur pays.

Les balais de guides du cimetière russe

Un petit commerce s’est créé autour du cimetière russe et des tombes des célébrités. Souvent des hommes seuls, russophones, très probablement de nationalité russe vous abordent pour vous proposer une visite guidée payante. Et tout au long de votre visite ils traîneront non loin de vous. On ne sait pas trop s’ils sont là pour surveiller les tombes sur ordre de l’église orthodoxe russe ou s’ils essayent jusqu’au dernier moment de vous vendre leur service. C’est assez bizarre mais cela nous montre à quel point la mentalité russe peut-être éloignée de notre culture latine. De mémoire de parisien, je n’ai jamais rencontré un français proposant de tel service au cimetière de Montparnasse, du Père Lachaise ou de celui de Montmartre.

Autrefois la mairie de Sainte-Geneviève-des-Bois percevait un budget de la Fédération de Russie pour entretenir les tombes mais aussi pour les fleurir. Aujourd’hui avec les tensions diplomatiques et la sortie du système bancaire (Swift), la mairie ne perçoit plus rien et certaines tombes sont littéralement laissées à l’abandon.
L’église orthodoxe russe Notre-Dame de l’Assomption

C’est au numéro 8 de la rue Léo Lagrange que se trouve ce joli batiment religieux. Une église importante puisqu’elle est la nécropole du cimetière russe. Elle fût construite entre 1938 et 1939 sur les plans de l’architecte Albert Alexandrovitch Benois. Cet architecture russe arrivé en France en 1926 et qui est né à Saint-Petersbourg en 1888 s’est inspiré de l’église de Novgorod pour réaliser cette église orthodoxe.

On retrouvera une église similaire au cimetière russe d’Helsinki en Finlande.