Pourquoi appelle-t-on certains navire les bateaux-mouches ?
En 1867, Paris accueille l’exposition universelle de 1867. A cette occasion la ville souhaitait mettre en valeur la Seine et offrir aux visiteurs la possibilité de découvrir Paris depuis une embarcation connue désormais sous le nom de bateau-mouche. Aujourd’hui les bateaux-mouches sont l’un des symboles de la capitale. Ils sont un point de passage obligé pour les touristes qui après avoir visités les plus beaux endroits de Paris se rendent inévitablement sur la Seine pour un dîner romantique ou une balade d’une petite heure.
Il y a plusieurs explications concernant le mot bateau-mouche.
1. L’origine du nom viendrait du lieu de fabrication
La première explication c’est la piste du constructeur naval. En effet ce sont les chantiers de la Félizate à Lyon qui furent retenus pour produire les bateaux de l’exposition universelle de Paris 1867. Michel Félizat propriétaire des chantiers de la Félizate, remporta donc l’appel d’offre. Il livra à cette occasion une trentaine de petits navires qui permettaient le transport de passagers.
Ce chantier naval se situait dans le quartier de la Mouche. Ce nom a donc pu inspirer le fabriquant pour donner le nom ou du moins le surnom de bateau-mouche à ses navires.
Mais au-delà du nom du quartier, il faut noter que les chantier de la Félizate à Lyon se trouvaient quai de la Mouche. Le mot « mouche » étant présent partout cela suffit à baptiser de la sorte ce petit navire fluvial.
Vous doutez de cette explication concernant le mot bateau-mouche ?
Et bien nous pouvons vous dire avec certitude que ces bateaux qui naviguaient sur la Seine portait à l’avant une plaque ovale dîtes d’identification du constructeur. Et sur celle-ci était écrit :
Atelier de construction de bateaux pour la navigation fluviale.
De la Mouche.
à Lyon
Le mot mouche figurait donc sur la proue des navires. Il est donc tout à fait possible que ce mot soit passé dans le vocabulaire courant de la sorte.
2. Bateau-mouche une métaphore
Le mot bateau-mouche trouve peut-être également son origine dans une métaphore. En effet l’idée de légèreté et de mouvement incessant sur la Seine n’est pas sans rapport avec le comportement de cet insecte volant.
En effet lorsque l’on regarde le comportement de ces bateaux sur la Seine, force est de constater que l’incohérence des mouvements n’est pas sans rappeler celui des mouches. Des insectes qui font d’innombrables allers et retours durant leur journée.
Mais la ressemblance avec l’insecte ne s’arrête pas là. Sur la Seine et grâce à la réverbération, les bateaux même de couleur claire peuvent devenir foncés voir noirs lorsque ceux-ci se trouvent à contre-jour.
3. Une expression militaire
A l’époque le mot « mouche » désignait dans le registre de langue familier un espion. Le fait que l’on monte à bord des bateaux pour mieux observer Paris avait donc quelque chose qui à l’époque aurait pu être assimilé à de l’espionnage. Ces bateaux « espions » permettaient effectivement à leurs passagers d’observer Paris – et principalement les quais de Seine. Néanmoins l’intérêt stratégique de l’information récupérée était assez faible et ce même à l’époque il faut bien se l’avouer.
4. Le canular
Parce que la vie est parfois un peut triste ou trop sérieuse, le mot bateau-mouche proviendrait pour certains d’un canular. Nous sommes en 1950 dans une période que l’on appelle l’après guerre. Les sociétés de transport fluvial ne faisaient plus recette. D’autant que l’essor du transport terrestre (métro et autobus) ne laissait plus de place à ce moyen de transport désuet et dépassé.
La reprise d’une société en faillite
Mais en 1950 un certain Jean Bruel achète une société parisienne en liquidation qui détient dans ses actifs quelques bateaux. Cet entrepreneur souhaite les utiliser à des fins touristiques. C’est un précurseur et il est persuadé que cette offre touristique est destinée à un bel avenir.
Néanmoins Jean Bruel est un communiquant. Il sait que lorsque l’on offre un service, aussi performant soit-il, il faut faire parler de soi. Il décida donc de conserver le nom de la société : « bateau-mouche ». Société qu’il avait racheté en liquidation judiciaire.
La création d’un mythe parisien
Et pour que le canular soit total, on dit qu’il inventa un personnage avec l’aide d’un journaliste. C’est ainsi que fut créé un certain Jean-Sébastien Mouche, une espèce d’inventeur aux multiples talents, une sorte de professeur Tournesol qui réussit. Dans cette biographie fictive, que l’on qualifierait aujourd’hui de « fake news », dont l’apparition dans notre société est attribuée aux seuls réseaux sociaux… Cette biographie fictive met donc en avant un personnage brillant, Jean-Sébastien Mouche. Présenté comme un collaborateur du Baron Haussmann. Forcément, il faut toujours un ancrage solide pour mieux faire avaler le canular. Puis les auteurs du canular enfoncèrent le clou en écrivant qu’il fut le créateur d’une police secrète dédiée au renseignement. Police que l’on appela « les mouchards ». Et enfin après des années de bons et loyaux service, il eut la formidable idée d’inventer les bateaux-mouches.
Et c’est un 1er avril 1953 qu’un article fut finalement publié dans un journal de la capitale.
Il faut attendre le mois de juillet 1969 et le numéro 272 de la revue Historia pour que soit finalement décryptée cette manipulation et ce mensonge. L’auteur de l’article M. Franju explique que le canular fut monté à l’époque par Jean Bruel et un journaliste à l’occasion d’un poisson d’avril.
Une chose est sûre la mise en avant de cette légende inventée de toute pièce, permis à Jean Bruel et à ses bateaux-mouche un véritable succès. En effet ce nom intriguant attira de nombreux visiteurs de la capitale sur ses navires. Et preuve de son talent 70 ans plus tard on se demande toujours d’où vient l’expression bateau mouche.
Après tout la Seine à Paris offre un formidable terrain de jeux aux navires en tout genre.
crédits photos : Yann