Il existe dans le département du Lot, à Figeac, un musée unique en son genre en France et en Europe. Il s’agit d’un lieu consacré aux écritures les plus anciennes du monde. Le musée des écritures de Figeac est un lieu intrigant et passionnant. Un endroit atypique qui doit son existence à un conservateur audacieux qui met à l’honneur toutes les écritures du monde. Avec, bien évidemment, une place privilégiée pour l’Egypte ancienne et le déchiffrement des hiéroglyphes par l’enfant du pays, Jean-François Champollion.
A la découverte des plus anciennes écritures du monde
Jean-François Champollion est mondialement connu pour avoir été le premier a avoir réussi à déchiffrer les hiéroglyphes. Cet homme qui est né le 23 décembre 1790 à Figeac a marqué les époques avec sa découverte. Et il a surtout permis aux historiens de faire un immense bon en avant dans la connaissance de la civilisation égyptienne. Mais au risque de vous décevoir, les hiéroglyphes ne sont pas la plus ancienne des écritures.
1. L’écriture cunéiforme
Cette écriture est née en Mésopotamie entre -3 400 et -3 300 avant JC. A cette époque la région est prospère et on pense que les autorités sont confrontées à des problématiques comptables pour faire état de l’ensemble des récoltes.
A ce moment de l’histoire, il n’y a pas de papier, par contre l’argile est connu et utilisé pour fabriquer toute sorte d’objet du quotidien. Et c’est grâce au choix de ce support, les tablettes d’argile, que l’écriture cunéiforme se développe. On peut rectifier « autant de fois que nécessaire » avant de figer l’épreuve finale en la passant au four. Mais c’est aussi grâce à ce support qui ne s’altère pas dans le temps que l’on a pu retrouver des traces de la toute première écriture de l’histoire de l’humanité.
2. Les hiéroglyphes
L’écriture égyptienne occupe une place de choix dans le musée des écritures à Figeac. Tout d’abord parce que Figeac est la ville natale de Champollion, mais aussi parce que cette écriture passionne toutes les générations.
En déchiffrant les hiéroglyphes Champollion ouvrit les portes d’un monde nouveau. Cet homme qui en étudiant le passé travaillait pour l’avenir, est aujourd’hui considéré comme le père de l’Egyptologie.
3. L’écriture de l’Indus
La brillante civilisation de l’Indus se développe entre 2500 et
2000 années avant la naissance de JC. On la retrouve principalement autour de grands centres urbains tels que Harappa et Mohenjo-Daro. Cette écriture inconnue provenant d’une langue inconnue reste encore aujourd’hui une énigme pour les chercheurs. En effet, l’absence de textes plus complets ou d’une inscription bilingue empêche toute avancée majeure pour la compréhension de la langue.
Ce que l’on sait sur l’écriture de l’Indus
Aujourd’hui, l’on peut affirmer que cette langue se lit de droite à gauche comme l’arabe ou l’hébreu. Quand le sens de lecture se fait de la droite vers la gauche, on dit que ces langues ont un sens de lecture sinistroverse.
L’écriture de l’Indus comprend environ 400 signes. On sait également qu’elle est de type logo-syllabique et qu’elle transcrit peut-être une langue dravidienne.
4. Les idéogrammes chinois, l’une des écritures les plus anciennes du monde
L’écriture est apparue en Chine entre 1500 et 1700 ans avant Jésus-Christ sous la dynastie des Shang. Hormis le fait que l’écriture chinoise soit l’une des plus anciennes écritures du monde, ce qui frappe les néophytes, c’est d’une part leur nombre mais surtout le fait que très tôt dans l’histoire de la Chine a connu un très fort taux d’alphabétisation. C’est à dire qu’un très grand nombre de la population fut en mesure très tôt de lire et d’écrire le chinois.
Ce qui est donc fantastique avec les idéogrammes chinois, c’est leur nombre. Un grand dictionnaire chinois a pu recenser jusqu’à plus de 56 000 idéogrammes.
5. Les écritures de la Méso-Amérique
L’écriture d’Amérique Centrale est apparue environ 1000 ans avant la naissance de Jésus-Christ. On compte sur la zone géographique de la méso-Amérique (Amérique centrale) cinq systèmes d’écritures. Les écritures de la Méso-Amérique sont: l’écriture olmèque, zapotèque, mixtèque, aztèque et maya. Seul l’écriture maya est représentée au musée Champollion de Figeac (musée des écritures du monde).
Ce qui est compliquée avec l’écriture maya c’est qu’elle est composée de logos et de signes représentant des sons. On parle de système d’écriture syllabographique et logographique. Mais ce n’est pas tout car le sens de chaque symbole peut-être affiné par un système d’affixes très complexes. On trouve donc des suffixes (signes fixés au-dessous), des préfixes (signes fixés avant), des superfixes (signes fixés au dessus), des postfixes (signes fixés après) et des infixes (signes fixés dans la partie arrière droite du symbole). Chaque affixe venant modifier le sens du logo initialement représenté.
Le musée des écritures de Figeac
Lorsque l’on parle des écritures, on les limite souvent à deux rôles. Par exemple dans le monde moderne, les écritures sont principalement destinées à retranscrire des sons. On décrit ces écritures généralement par un nom barbare, la glotographie. Mais limiter une langue à une sorte de système phonétique est inexact. Pourquoi? Parce que la plupart des écritures anciennes ont commencé par être un art représentatif ou des marques individuelles marquant la propriété ou encore des signes parfois complexes représentant un collectif (tribu, groupement d’individu, famille).
Aussi on imagine souvent que l’apparition de l’écriture est due à une nécessité. Celle de faire naître un moyen comptable pour recenser des récoltes ou une production et éventuellement d’y prélever un tribut ou un impôt.
L’origine des écritures
Au-delà de ces aspects, l’écriture et le langage ont suivi des trajectoires bien distinctes.
Au cours de l’histoire l’écriture a, par exemple, souvent été utilisée pour marquer la propriété et cela sans lien réel avec le langage. Au Moyen-Âge, de la mer du Nord jusqu’au Pyrénées, les tailleurs de pierre, bâtisseurs de cathédrales avaient l’habitude d’apposer un signe sur les pierres qu’ils taillaient. Cela leur permettaient de s’assurer de la paternité de leur production et de toucher une prime. Ecriture ou symbole, système phonétique ou représentation du réel via des idéogrammes ou des hiéroglyphes, les écritures ont toujours fascinées l’homme car elles demeurent les seules et uniques gardiennes de la mémoire. Le musée Champollion retrace donc avec tact 5 300 ans d’histoire.
Un musée ouvert vers l’extérieur
Le musée des écritures de Figeac, se trouve dans le département du Lot entre Cahors, Rodez et Aurillac. Il se compose de trois parties: le bâtiment principal, une place insolite et une salle annexe.
Ce musée bien particulier se trouve sur la place Champollion et il est facilement identifiable car il se trouve sur l’une des places les plus importantes de la ville. Installé dans la maison natale de Champollion il est orné d’une façade contemporaine. Une immense paroi de verre qui enserre une fine couche de cuivre où ont été gravées des lettres de toutes les écritures du monde. C’est la façade des mille lettres.
Un peu plus loin dans l’une des rues adjacentes se trouve une annexe qui accueille des expositions temporaires ou des conférences.
Enfin tout à côté de cette annexe, se trouve la place des écritures. Un lieu où se trouve une immense oeuvre d’art imaginée par Josef Kosuth en 1990. « Ex-Libris » est en fait une immense représentation de la pierre de Rosette, placée sur le sol d’une petite place carrée de Figeac.
Les plus curieux prendront un petit escalier pour accéder à un jardin qui abrite quelques Papyrus. Des végétaux si particuliers qui permirent aux égyptiens de fabriquer du papier.
Adresse du musée: 8 place J-F Champollion, 46 100 Figeac. Ouvert tous les jours sauf le lundi.
crédits photos: Yann vernerie