En matière d’exploitation urbaine la tour de refroidissement de Charleroi est une icône. Bien que très médiatique et fermé au public ce lieu est facilement accessible, mais pour combien de temps encore?
La Tour de refroidissement de Charleroi
Bien que l’on mentionne souvent le nom de la ville de Charleroi, il faut, pour trouver cette tour de refroidissement viser la ville voisine de Monceau sur Sambre. Cette cheminée de 105 mètres de haut n’est en fait qu’une partie de l’ancienne centrale thermique d’Electrabel. Elle est facilement repérable depuis la route de Monceau sur Sambre. Généralement on la trouve facilement car le lieu se situe entre une écluse et un stade de football.
Cet endroit a été reconnu par tous les explorateurs urbains comme étant l’un des plus beaux lieux abandonnés au monde. Il faut le reconnaître le site est grandiose, on se croirait d’ailleurs en-dessous une immense nef avec une petite ouverture sur le ciel.
Cette tour en béton armée fût bâtie en 1921 et le site industriel fût définitivement fermé en 2007. Pendant près de 90 ans la tour de Charleroi a refroidi la centrale à charbon située sur l’autre rive de la Sambre. Cette centrale thermique au charbon était responsable à elle seule d’environ 10% de toutes les émissions de CO² du pays. C’est donc pour cela que la décision fut prise de stopper la production. Quant on pense qu’au même moment l’Allemagne a décidé de fermer ses centrales nucléaires pour ouvrir des centrales à charbon. Cela fait froid dans le dos.
L’intérieur de la tour de Charleroi en images
Le clou du spectacle de la tour de refroidissement abandonnée
Les fondations de la tour de refroidissement de Charleroi
C’est par cette canalisation depuis laquelle j’ai pris la photo, que passait l’eau bouillante de la centrale thermique pour remonter ensuite à 90 degrés vers le ciel. Il n’est pas facile de rejoindre cette partie de la tour mais ce n’est pas insurmontable.
Nous sommes donc dans la partie basse de ce refroidisseur thermique. C’est l’endroit par lequel arrivait l’eau bouillante pour ensuite emprunter le circuit de refroidissement que nous avons décrit plus bas.
Une tour de refroidissement, comment ça marche ?
Pour refroidir la centrale thermique à charbon, on pompait l’eau de la rivière (la Sambre) pour faire refroidir certaines parties de la centrale les plus exposées aux très fortes chaleurs. Car sans refroidissement, les différentes pièces de la centrale peuvent se déformer ou fondre sous l’effet de la chaleur. Après avoir refroidit la centrale thermique avec l’eau de la rivière on obtenait donc de l’eau bouillante. Une eau impossible à déverser directement dans la nature. C’est alors à ce moment que rentre en action la tour de refroidissement.
le circuit de refroidissement
L’eau chaude arrive dans un premier réservoir qui se trouve à côté de la tour. Cet immense cube en béton peut stocker jusqu’à 25 000 litres d’eau bouillante. Ensuite cette eau est envoyée vers la tour via un espèce de vortex appelé trompette verticale. L’eau bouillante se déverse ensuite dans les canaux en béton puis elle déborde dans de divers bacs en métal. Pour se déverser enfin sur les milliers de latte de bois sur une hauteur de près de 20 mètres de haut. Ces lattes, dont vous avez vu la photo un peu plus haut, ont pour objectif de ralentir la chute de l’eau et de favoriser le refroidissement des gouttelettes au contact de l’air. Une partie de l’eau est donc refroidie tandis que l’autre partie s’évapore sous forme de vapeur d’eau.
Les dangers d’une tour de refroidissement en état de marche
Il va de soi qu’il est strictement interdit et impossible de visiter une tour de refroidissement en fonctionnement. Tout d’abord les fortes vapeurs d’eau et les fortes températures vont provoquer une augmentation de la température corporelle, avec l’impossibilité de transpirer. C’est l’osmose, le risque de perdre connaissance devient très élevé et le décès suit dans la foulée. Pour ceux qui seraient exposés sur une courte période, le principal soucis c’est le risque d’attraper la légionellose. Et cela devient encore plus préoccupant pour les personnes fragiles (femmes enceintes, enfants et personnes âgées). Car lorsque la tour est en activité, elle est saturée de bactéries et d’amibes. Cela fait vraiment froid dans le dos.
Vous avez dit Urbex
La règle d’or en exploration urbaine est bien évidemment de ne toucher à rien et ce afin de permettre aux visiteurs suivants d’éprouver les mêmes émotions. A titre personnel je trouve que les différents tags et graffitis, dégradent ce site industriel qui perd en intensité. Merci donc de toujours respecter les lieux que vous visitez. Et surtout faîtes attention à vous car les lieux abandonnés ne sont jamais sécurisés et c’est le cas de la tour de Charleroi.
crédits photos : Yann – Escale de nuit
je profite de cet article pour passer le bonjour à deux « urbexeurs » Jonathan et Sophie, rencontrés lors de mon dernier passage à Charleroi.